Une petite pièce faite de tôle bleue, à l’ombre des bambous, en guise d’abri pour Assani Ali. Un matelas neuf, encore dans son emballage transparent, posé sur deux palettes, Assani Ali est allongé dessus, le regard vide, fixe le toit de son abris. Il ne voit presque rien. Ce cinquantenaire, malade, dépendant suivi pour alcoolisme, a passé sa première nuit dans cette case construite à la hâte après qu’il se soit retrouvé seul sur une terrasse sans assistance.
Avant cela, c’est Térésa, une éducatrice spécialisée à la Popam, l’association des préventions et soins en addictologie, qui l’a trouvé en « position fœtale » dans une rue de Dzoumogné. Elle le suit depuis des années, et n’ayant pas eu de ses nouvelles, elle s’en est inquiétée. Après une recherche à travers tout le village de Dzoumogné, elle l’a donc retrouvé et renvoyé aux urgences à Dzoumogné.
Sans autre contact, Térésa et son conjoint Eric Roussel, infirmier libéral à Bandraboua, ont été appelés pour aller le récupérer. Après plusieurs allers et retours au dispensaire, Assani Ali a fini tout seul sur la terrasse d’un membre éloigné de sa famille.
Eric et Térésa, ses sauveurs
« Tous ceux sur qui je pouvais compter sont morts. Ceux qui m’ont mis au monde sont morts. Je galère pour manger, je galère pour boire, je galère pour dormir. Je n’ai personne » confie l’homme, malvoyant. « Avec une opération, il retrouvera la vue » espère Térésa, qui est venue le voir, accompagnée de son conjoint Eric Roussel. Eric le soigne gratuitement, dans sa tournée du matin, il vient le voir et lui prodigue les soins nécessaires. Il redonne une dignité à cet homme qui n’a plus rien. Le couple est à l’origine de l’élan de solidarité qui a permis la construction de cet abri sans lumière ni sanitaire, mais un abri en attendant mieux.
« Une première demande de papier d’identité a été faite, mais elle a été rejetée par la préfecture parce que sur l’extrait de naissance, il n’y a pas de filiation. On n’avait pas mis son père ni sa mère »
Une petite pièce à l’ombre des bambous, parce que personne ne peut le prendre chez lui. Naimoudine M’nahaki a participé lui aussi, à sa construction, pour lui Assani Ali est rejeté « parce qu’il est alcoolo, mais on a tous droit au respect. Il ne peut pas finir là, c’est dangereux pour lui » s’inquiète-il.
L’histoire de Assani Ali, c’est la triste histoire d’un mahorais, rongé par l’alcool et qui n’a jamais fait ses papiers d’identité. Sans enfant, ses parents étant morts, il s’est retrouvé seul. « Sans papier d’identité, quelque soit sa nationalité mais sans papier d’identité, on ne peut pas le placer dans une famille d’accueil » explique-t-on à la mairie. Au ccas, on dit chercher des solutions, « une première demande de papier d’identité a été faite, mais elle a été rejetée par la préfecture parce que sur l’extrait de naissance, il n’y a pas de filiation. On n’avait pas mis ni son père ni sa mère » détaille Minihadji Mourtadhoi, le DGA de la mairie de Bandraboua. En attendant d’avoir des papiers d’identité, Assani Ali va bénéficier des aides alimentaires et vestimentaires de la Croix Rouge.