Avons-nous trop d’élus parlementaires ?

Les élus parlementaires
La réponse est plutôt oui : les députés et sénateurs seraient trop nombreux si l’on en croit le président Macron et ses prédécesseurs. Tous ont estimé que le pays gagnerait en efficacité à réduire leur nombre,  et que cela ferait faire des économies à l’Etat. Mais de la parole à l’acte, il y a un fossé très difficile à franchir.

Emmanuel Macron avait promis une réforme institutionnelle pendant sa première campagne électorale de 2017. Dans cette réforme, il réduirait le nombre de députés et de sénateurs d’environ 30%. Une fois élu il avait répété cette promesse devant les parlementaires réunis en congrès à Versailles en juillet 2017, et depuis rien ne s’est passé ou presque.

Il y a eu certes un projet de loi présenté par l’ex-ministre de la justice Nicole Belloubet pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, mais ce projet n’a jamais été mis à l’ordre du jour au parlement. Avec cette loi ce n’était d’ailleurs plus 30% mais 25% de réduction du nombre de sièges, concrètement : 433 députés au lieu de 577, et 261 sénateurs au lieu 348.

Il avait été calculé que cela ferait faire une économie de 87 millions d’euros dans le  budget de l’Etat. Il faut savoir que chaque député coûte 336 000 euros par an tout compris, et chaque sénateur encore plus : 445 000 euros.

Il s’agirait d’économiser, et surtout de gagner en efficacité

D’autant plus que dans le projet tel qu’il était présenté, on allait réinjecter cette économie dans un fonctionnement amélioré de l’Assemblée et du Sénat.

C’est-à-dire que les élus auraient plus de moyens pour travailler, plus de collaborateurs, plus de possibilités de déplacements et d’enquêtes, des solutions techniques plus modernes, et même plus de places dans les bureaux. Aujourd’hui ils travaillent dans des locaux exigus.

Il n’y a que les façades du Palais Bourbon et du Palais du Luxembourg,  le hall d’entrée et l’hémicycle qui donnent l’impression de grandeur de la République que l’on voit à la télévision. Le reste, ce sont des placards. Avec cette réforme on gagnerait aussi en simplicité avec des débats plus courts, des lois qui passeraient plus vite dans un circuit fluide entre le gouvernement, l’Assemblée et le Sénat. Economie et efficacité étaient donc les maîtres mots de cette réforme.  

Une réforme toujours repoussée

Tour à tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient affiché cette ambition successivement en 2007 et en 2012. Mais une fois que l’on a dit ça, il faut entrer dans le dur de la réforme ; c’est-à-dire obligatoirement supprimer des circonscriptions dans plusieurs départements. Là c’est la promesse d’une multitude de crises de nerfs dans toutes les régions de France métropolitaine et d’outremer.

Il y a deux désirs contradictoires : certes les Français veulent moins de politiciens professionnels qui dépensent l’argent de leurs impôts, mais il veulent aussi plus de proximité sur le terrain, et ce n’est pas avec des circonscriptions plus grandes que les députés pourront mieux entretenir le lien nécessaire avec la population, au contraire. Enfin,  comparée aux autres pays européens, la France est dans la moyenne avec un parlementaire pour 73 000 habitants. Il n’y a que l’Allemagne où il y en a moins, avec un parlementaire pour 115 000 habitants.