Niché en face de l’ilot Bandrélé, à quelques mètres du lagon, quasiment les pieds dans l'eau, le quartier Mtsangani à tout pour faire rêver! Et pourtant, en y regardant de plus près, le visiteur à vite fait de déchanter. Car ici, à Mtsangani, nous sommes loin de l'image des bungalows sur pilotis de Polynésie. Constitué de cases en tôles le long de la plage, ce quartier est le plus grand bidonville de la commune de Bandrélé. «Ils ont mis des espèces de châssis à l’intérieur de leurs habitations, de sorte que quand l’eau monte, les lits ne sont pas submergés» explique Roukia Ali Bacar. La chargée d’études RHI de la commune de Bandrélé mène une visite de terrain dans le quartier Mtsangani de Hamouro.
Soumis aux forts aléas de submersions marines, la précarité des ménages résidant ce quartier est accentuée par l’absence d’approvisionnement en eau potable et de système d’assainissement. C’est pour découvrir ces réalités qu’Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat (USH), Marianne Louis, directrice générale et Mahieddine Hedli, directeur des Outre-mers sont présents à Mayotte. "Ça va les enfants?" demande Emmanuelle Cosse aux enfants qui jouent devant les habitations de fortune.
« Vous pouvez voir les traces, vous voyez la ? signale Roukia Ali Bacar, en montrant une démarcation; haute de 90 cm, faites par les eaux boueuses sur le mur d’une case en tôle. «Ils sont tout le temps dans l’humidité alors ? » en conclut la présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat.
A quelques pas de là, Roukia fait une pause pour montrer un trou béant dans une tôle. Ce qui semble être de la simple tôle arrachée est en réalité un système d’évacuation sanitaire. «Ici, ça fait office de sanitaire et les eaux descendent directement à la plage!» explique-t-elle. La résorption de l’habitat insalubre et les besoins en logements social sont très important à Mayotte. Des enjeux dont Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) est consciente.
Nous les opérateurs du logement social, il faut que nous soyons aux côté des élus, qu’on soit plus en action, c’est d’ailleurs pour ça que je suis venue aujourd’hui à Mayotte.
Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat
Plusieurs organismes de logement social et d’accession sociale à la propriété ont été créés par l’USH pour répondre aux nombreux d’enjeux. «On a des priorités assez importantes et c’est vrai que moi je voulais aussi manifester par ma présence, notre soutien et notre partenariat de plus en plus renforcée avec les élus sur ces urgences qu’ils ont identifiés.»
L’objectif de l’USH, amener du partenariat pour de la collaboration afin d’aider les entreprises en développement à Mayotte. Mais également aider les jeunes qui reviennent à Mayotte pour exercer leur métier ici. La présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat se propose d’être un soutien en matière de formation et de transmission d’expérience. Et enfin, d’inventer de nouvelles manières de faire.
«J’apprends beaucoup en discutant avec les élus ici sur la manière de voir différemment le logement social ou l’accession sociale à la propriété. Ou comment est-ce qu’on peut faire évoluer les dispositifs par exemple» explique Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH)
La visite se poursuit quelques mètres en amont de la plage, sur la future RHI de Mtsangani. La RHI, c’est près d’un hectare pour reloger les ménages qui vivent actuellement sur la plage. «Un terrain de l’état mis à disposition de la commune pour les ménages qui sont éligibles» précise Roukia Ali Bacar, chargée d’études RHI à la commune de Bandrélé.
Actuellement en friche, la parcelle qui jouxte l’école sert de pâturage aux zébus. C’est à l’ombre d’un grand arbre que la délégation s’arrête pour jauger l’étendue de l’endroit. «Le terrain va plus haut?» demande Emmanuelle Cosse. «Oui, il va jusqu’à la route nationale! Répondent en chœur Zakia Siaka, la directrice aménagement, urbanisme et habitat à la Communauté de Communes du Sud et Roukia Ali Bacar.
85 logements sont prévus ici, sur la RHI de Mtsangani. La construction va se faire en deux temps. Dans un premier temps, 50 logements vont être construits. «Le montant s’élève à 2.8 millions d'euros pour les travaux de viabilisation du terrain et autant pour la construction des logements, pour l’instant. Le montant n’est pas encore totalement arrêté. L’objectif fixé est de débuter les travaux de viabilisation avant la fin de l’année. L’état finance ce projet à hauteur de 80%», nous précise Ali Moussa MOUSSA BEN, maire de Bandrélé.
Différents types de logements seront construits: individuel, collectif, semi collectif dédiés à différentes typologie de ménages. «Des ménages seuls, des ménages avec des enfants etc… des personnes avec des revenus très faibles, des personnes avec des revenus moyens etc...précise Zakia Siaka, directrice aménagement, urbanisme et habitat CC Sud. De cette manière on pourra combler l’ensemble des parcours résidentiels permettant à chacun d’accéder à un logement digne.»
Mais au-delà du projet porté par la commune de Bandrélé, la politique du logement est aussi une thématique qui incombe à l’intercommunalité. La Communauté de Communes du Sud de Mayotte accompagne donc chaque commune du territoire dans l’avancée et la concrétisation de ces projets. «Dans pratiquement tous les villages on a des quartiers presque similaires, celui-ci, c’est le plus grand. Dans le cadre du document stratégique qui s’appelle Plan Communal de Lutte contre l’Habitat Indigne, notre objectif, c’est de traiter toutes ces poches d’insalubrités dans la commune » conclut le maire de Bandrélé.