C'est l'Etat qui finance les évacuations sanitaires des étrangers sans papiers

Le CHM, centre hospitalier de Mayotte accueille des malades de toute la région du canal du Mozambique. Ils n'ont pas tous de titre de séjour.
Les malades étrangers en situation irrégulière évacués à La Réunion sont au moins aussi nombreux que les Français. Une situation qui interroge mais qui n’a rien d’illégale.

Les mahorais envoyés par le Centre hospitalier de Mayotte affirment souvent que les « sans papiers évasanés » seraient mieux traités qu’eux, qui sont français. Nourdine Dahalani, le président de la caisse de sécurité sociale de Mayotte a été interpelé par des assurés sociaux mahorais lors de son dernier déplacement à La Réunion.

Ils n’ont pas tout à fait tort mais pas pour les raisons qu’ils évoquent. Ce n’est pas la CSSM, caisse de sécurité sociale de Mayotte qui finance ces évacuations sanitaires-là. Les étrangers en situation irrégulière à Mayotte qui doivent être envoyés à La Réunion pour des soins, sont couverts par l'aide médicale de l'État (AME).  C’est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins. Et à Mayotte, l’AME échappe complètement à la caisse de sécurité sociale. Le transfert des fonds se fait de l’Etat aux organismes réunionnais, ce qui fait dire à certains que c'est ce cheminement qui explique leurs prises en charge rapides.

Le site de l’assurance maladie écrit le 7 octobre 2021 dans une rubrique « Aide médicale de l'État et soins urgents » que l'aide médicale de l'État (AME) facilite l'accès aux soins des personnes en situation irrégulière. Elle ouvre droit à la prise en charge à 100 % des soins avec dispense d'avance de frais. Ses bénéficiaires ne sont pas soumis aux dispositifs du médecin traitant (parcours de soins coordonnés). A noter que l'AME n'est pas applicable à Mayotte. » ?

Comprenez que ce sont les services sociaux de CHM qui instruisent les dossiers, organisent les évacuations et donc font débloquer les fonds de l'AME. Et c’est pour des raisons politiques que la CSSM ne s'en occupe pas. Cela donnerait l’impression que Mayotte s’occupe elle-même des clandestins. Des femmes et des hommes qui « officiellement » ne sont pas sur le 101ème département. Mais ce refus ampute la caisse locale d’une manne financière très importante.

Nourdine Dahalani devrait se pencher sur ce dossier dans les mois à venir malgré les implications politiques.

Des difficultés découlent de cet état de fait. Une partie de ces malades, une fois soignée, reste sur place et refait sa vie à La Réunion. Des réunionnais dénoncent ces « mahorais » qui profitent pour s’installer illégalement chez eux. Même s’ils savent qu’un mahorais peut se rendre à La Réunion sans aucune restriction puisqu'il est français, sauf dans des cas exceptionnels. Dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du Covid, les échanges entre les deux départements Français avaient été règlementés et surveillés, par exemple.

Malheureusement, il arrive que ses personnes décèdent à La Réunion. Les corps sont ballottés parce qu’il est souvent impossible de joindre un parent, lui-même, en situation irrégulière à Mayotte. C'est un autre dossier sensible à traiter dans les meilleurs délais pour diminuer l'anxiété des familles des malades.