Frédéric Valletoux, le ministre délégué à la Santé, s'est rendu ce jeudi 9 mai dans le quartier Kirissoni de Koungou. C'est dans ce bidonville que le premier décès lié au choléra à Mayotte a été enregistré, la mort d'un enfant de trois ans a été annoncée la veille. Durant une demi-heure, le ministre a rencontré les infirmiers de la réserve sanitaire, les agents de l'ARS et les bénévoles de la Croix Rouge. Ils sont chargés de vacciner les cas contacts, dépister, sensibiliser et distribuer à la population du gel hydroalcoolique, du savon et des pastilles pour potabiliser l'eau.
"Ils sont réceptifs aux gestes barrières, mais il faut les répéter sans arrêt, leur dire que dans une maison il faut un point d'eau réservé pour le lavage des mains avec un savon", explique au ministre un infirmier de la réserve sanitaire. "Ce sont des choses simples, comme faire bouillir l'eau pour la cuisine, le problème c'est que beaucoup de gens utilisent l'eau de la rivière et c'est catastrophique." Un point sur lequel insiste également la députée mahoraise Estelle Youssouffa.
Des robinets ont pourtant été installés, mais avec 24h de coupure un jour sur trois, ils étaient à sec ce jeudi matin. Les habitants continuent de se baigner, de faire leurs lessives et leurs vaisselles dans la rivière qui traverse le quartier. Une eau trouble, où baignent des déchets. "Il y a des enfants qui touchent cette eau sale, ce n'est pas bien. Il y a des médecins qui viennent ici et qui disent qu'il ne faut pas l'utiliser, mais ils continuent", peste un riverain.
Pas de rencontre avec les habitants
Les habitants du quartier n'auront pas eu l'occasion de voir le ministre délégué à la Santé. Ce dernier est reparti au bout d'une demi-heure, sans prise de parole, sans un mot sur l'enfant décédé la veille. "Ça m'embête beaucoup qu'il soit venu jusqu'à Koungou, jusqu'à notre quartier, pour rester à l'entrée. Ils venaient pour voir notre situation et il ne nous a même pas demandé comment on vit", déplore une femme qui cuit du poisson sur un gril au bord de la rivière.
Beaucoup ont vu l'enfant de trois ans être pris en charge la veille par les secours. "On a vu l'enfant qui était très malade, il n'arrivait pas à respirer. On s'est dit que la maladie est très grave et qu'il faut faire attention", explique un adolescent. Ce premier décès provoque l'inquiétude dans ce quartier où vivent de nombreux enfants. Si les riverains sont rassurés par les maraudes qui se poursuivent pour vacciner, désinfecter et dépister la population, certains regrettent le délai d'intervention des ambulances, entre la difficulté d'accès du site et le manque de moyens du SAMU.