Comment améliorer de la desserte aérienne à Mayotte ?

Il faut baisser le prix des billets d’avion. Pour ça, il faut réduire le prix du kérosène, faire de l’ile un hub aérien et enfin créer une compagnie aérienne mahoraise. Ce sont les conclusions de l’étude sur la desserte aérienne commandée par le Conseil Départemental.  
Tous les acteurs du secteurs sont réunis pour écouter les conclusions de l'étude.
" Depuis fort longtemps, les mahoraises et les mahorais expriment à vive voix leur souhait de pouvoir partir visiter le monde, partir pour se promener, partir pour découvrir d’autres horizons, partir pour travailler etc… ou simplement revenir sur l’ile à tout moment et à prix compétitifs. Mais hélas, l’offre local ne suit pas cette demande " C’est sur ces paroles que Fatima Souffou, vice-présidente chargée des infrastructures et des transports ouvre cette restitution des études sur la desserte aérienne à Mayotte.
Fatima Souffou les yeux rivés sur le compte rendu des cabinets de consultations.
Le Conseil Départemental a mandaté la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte pour la réalisation d’une étude sur le désenclavement de l’ile. " L’objet est de connaitre les conditions d’amélioration de la desserte aérienne de Mayotte en l’état actuel des choses. Par conséquent, nous avons commencé non pas une, mais trois études, sur la desserte aérienne de Mayotte " explique Fatima Souffou.

« On n’a pas notre mot à dire sur les tarifs, on n’a pas notre mot à dire sur les fréquences de vols etc… Nous voulons être acteur de notre développement économique »

Zoubaïr Ben Alonzo, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie

Il s’agit ce jour, de la deuxième session de restitution.  Lors de la précédente réunion, les mandataires ont relevé l’oubli de quelques éléments. "Plus précisément les freins à l'amélioration de la desserte aérienne. Le cabinet d’étude s’est donc focalisé sur la problématique du kérosène. Pourquoi le kérosène coûte beaucoup plus cher que partout ailleurs ? Ça sera la première problématique présentée ici." détaille Zoubaïr Ben Alonzo, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie.

Le cout du Kérosène est de 0,70 cents à Mayotte, alors qu’il est 0,39 cents à la Réunion soit + 80 % ou encore de 0,48 cents à Tananarive soit + 45%. 

Sources Global Petrol Prices, recherches et analyses IATA

" Qu'est-ce qu'on peut faire pour baisser ce coût du kérosène, il est en moyenne 40% plus cher partout autour de nous. A tel point que les opérateurs de l'aérien se posent la question d’importer eux même leur kérosène. Il faut qu'on arrive à baisser de 25 à 40% le coût du kérosène " déplore Zoubaïr Ben Alonzo.
Zoubaïr Ben Alonzo, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie

La deuxième étude porte sur la faisabilité d’un hub aérien, une plateforme de correspondance à Mayotte en relation avec le projet gazier au Mozambique. " Pour y arriver, il nous manque un certain nombre d’infrastructures, notamment un hangar de maintenance avion sur l’aéroport. L’étude doit expliquer dans quelles conditions réaliser ce hangar sur Mayotte " explique le directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie.
 

"Contribuer à la maitrise de la desserte aérienne de son territoire c’est contribuer activement à son développement."

Fatima Souffou vice-présidente au Conseil Départemental chargée des infrastructures et des transports

La dernière étude et non la moindre, porte sur la faisabilité de la création d’une compagnie aérienne à Mayotte. La CCI de Mayotte et le Département hésitent entre deux hypothèses." Intégrer une compagnie existante, là en l'occurrence on parle de Ewa. Est-ce qu’on peut réussir à faire évoluer Ewa ou est ce qu’on créé une nouvelle compagnie totalement, en partant de zéro afin que ça réponde mieux aux attentes des Mahorais ? expose Zoubaïr Ben Alonzo. Mais dans l’hypothèse de la création d'une nouvelle compagnie " Qu'on se rende bien compte que ce n'est pas le département qui va aller acheter des avions. Il va falloir qu'on le fasse avec un partenaire" tient à préciser le directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie.
Le Conseil Départemental a déboursé plus de 350 000 euros à la réalisation de cette étude. Il est probable qu’il investisse davantage, afin de maitriser la desserte aérienne de Mayotte. " Les retombées escomptées sont loin d’être négligeables pour le Département. Nous espérons augmenter significativement la fréquentation de l’aéroport de Dzaoudzi en termes de passagers. Nous espérons créer un nombre significatif d’emplois aéroportuaires. Nous espérons nous ouvrir au monde " lance la vice-présidente, chargée des infrastructures et des transports.
Antoine Huet, du bureau d’études ARDH consulting vient confirmer les retombées en cas de création d’une compagnie aérienne mahoraise. " Il y aura forcément besoin de service support, d’une direction générale commerciale, d’une direction administrative, financière et comptable, de responsables ressources humaines, de dispatcheurs et de responsables de vols. Tout ça pour une masse salariale que nous estimons à 480 000 euros. Et non seulement il y aura des moyens humains et techniques liés à l’exploitation mais également la maintenance de la flotte. Puisque nous aurons un avion en 2021 et un deuxième en 2022 " énonce-t-il.
Emplois, nouvelles lignes aériennes... des retombées attendues.
                 Si ce projet voit le jour, l’agence générale de vente devra créer à minima 4 points de vente. Un à l’aéroport, deux à Mamoudzou, et un à Dzoumogné, de manière à offrir le maximum de possibilité pour réserver et payer ses billets d’avion annonce le bureau d’études.
Cris Kordjee, la Présidente de l'Association d'Usagers des Transports Aériens à Mayotte se dit pessimiste.  Toutes ces annonces la laissent dubitative. " Ce qui m’inquiète et m’interroge moi, c’est que je n’ai trouvé personne pour me dire qu’il y avait de l’argent programmé pour financer les travaux de la piste longue. Au lieu de mettre son argent sur des projets dont on ne sait pas trop bien ou est ce qu’il va partir, pourquoi le Conseil départemental ne réserve-t-il pas son argent pour participer à l’aménagement de la piste ?
Cris Kordjee, ici en chemisier à pois s'interroge sur le financement de la piste longue.
Vous ne pouvez pas parler de développement de Mayotte, vous ne pouvez pas parler de promotion de la desserte si vous ne regardez pas l’état des infrastructures locales. "
Affaire à suivre…