Conflit social à l’Aéroport des Comores : trois agents placés sous mandat de dépôt, la tension monte d’un cran

Photo des employés de l'aéroport de Moroni qui réclament le départ de leur directeur
Un conflit social agite les Aéroports des Comores. Une bonne partie du personnel exige le départ de Maamoune Chakira le directeur général, surnommé Poutine sous peine d’un arrêt de travail lundi. Il lui est reproché de diriger l’entreprise publique par la terreur.

La guerre est officiellement ouverte entre d’un côté la direction générale de l’Aéroport des Comores et une bonne partie des employés. Ce samedi en fin d’après-midi, 3 agents qui sont également des représentants du personnel sont placés sous mandat de dépôt. Ils sont inculpés pour « atteinte au libre exercice du travail, violences et voie de fait, menace verbale et séquestration » après une plainte déposée par le directeur général, Maamoune Chakira. Les autres prévenus sont soumis à un pointage quotidien au palais de justice de Moroni, dès ce lundi. 

Une paralysie de l’Aéroport International n'est pas exclue 

Peu après la mise en détention provisoire des principaux leaders, leurs collègues agitent le spectre d’une paralysie de l’Aéroport International Prince Said Ibrahim, dans un communiqué adressé aux compagnies aériennes et rendu public samedi en première partie de soirée.  « L’ensemble des agents lance un avis d’arrêt de travail dans l’ensemble des Aéroports des Comores à partir du 20 mars jusqu’à nouvel ordre », peut-on y lire.

 Des employés « solidaires » se sont rendus au Palais de justice de Moroni samedi. Sur place, ils ont improvisé une conférence de presse. Au cours de celle-ci, ils somment le gouvernement de choisir « entre nous et Maamoune Chakira ». Ils promettent que la contestation ne prendra fin « qu’à son limogeage ».

Une réunion des salariés de l'aéroport de Moroni , en grève.

 Tout commence vendredi dernier. Les employés, révoltés, empêchent celui qu’ils surnomment Poutine, d’accéder à son bureau. Ils rééditent l’exercice ce samedi. Las, le directeur général repart dans sa voiture sous les vivats des agents qui assistent triomphalement à son départ.

 Les employés de l’aéroport lui reprochent de diriger l’entreprise publique d’une main de fer.  Selon eux, les brimades et les humiliations sont légion. « Poutine Nalawe », Poutine dégage, pouvait-on lire dans un communiqué du personnel publié vendredi en soirée. « Il a réussi à maintenir un climat de peur viscérale et de malaise au sein des plateformes aéroportuaires de Hahaya, Ouani et Bandar Salam », déplorent les signataires du document. Ils reprochent également au dirigeant « qui clame dans les médias qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses » d’engager des dépenses de complaisance. Ils indiquent en outre ne percevoir que 70% de leur salaire, une situation qui avait été décidée au plus fort de la crise du Covid-19. 

 « lutter contre l’impunité et l’absentéisme »

Maamoune Chakira nommé il y a 8 mois, assure vouloir « lutter contre l’impunité et l’absentéisme ». Depuis début février, 18 agents dont 8 femmes de l’aéroport suivent une formation dans le camp militaire d’Itsundzu dans des conditions qualifiées « d’extrêmes ».  Le mois dernier la justice a ordonné la réintégration de 21 agents de l’aéroport qu’il avait licenciés « de façon abusive », ce qu’il n’a toujours pas fait.

Contactée, la direction générale des Aéroports des Comores dit se préparer « à une communication générale d’ici le lundi ».