Crash du vol Y61103 de la compagnie Ab Aviation « Si c’était une panne moteur, l’avion aurait amerri »

La location d’aéronefs à un seul moteur pour les vols commerciaux est désormais interdite en Union des Comores. Décision prise par l’autorité de régulation du secteur aérien un mois et demi après le crash au large de Mohéli d’un Cessna Grand Caravan avec 14 personnes à bord. Décision controversée qui laisse penser que la cause du crash est due à une panne du moteur.

C’est une note au parfum de controverse. L’aviation civile comorienne interdit depuis ce 12 Avril 2022, la location et l’affrètement des avions monomoteurs pour les vols commerciaux. Décision prise un mois et demi après le crash au large de Mohéli d’un Cessna Grand Caravan (un monomoteur) exploité par la compagnie Ab aviation.

L’accident  a coûté la vie à 12 passagers et 2 membres d’équipage. Par cette décision, l’autorité de régulation du secteur aérien laisse croire que le crash du vol Y61102 a été causé par une panne moteur.   « Si cette décision concourt à la sécurité des transports aériens, on ne peut que s’en féliciter. Mais loin de rassurer, elle nous inquiète sur les probables défaillances de l’administration », a réagi l’avocat des familles des victimes du crash du 26 février 2022, Saïd Mohamed Saïd Hassane. Et l’avocat pour le moins circonspect de poursuivre : « Il faut connaitre les motifs de cette décision. Les causes de l’accident sont-elles liées à ce type d’appareil. Cela veut-il donc dire que l’enquête technique est terminée ou alors qu’elle a rendu ses premières conclusions ».

Deux des trois pneus du Cessna Grand Caravan qui s'est abîmé en mer au large de Mohéli le 26 février 2022

Le crash du 26 février est encore dans tous les esprits. Par cette décision, les pouvoirs publics entendaient marquer un grand coup. Sauf qu’une enquête technique a été ouverte depuis quelques semaines. L’avion se trouvant au fond de l’océan dans un endroit non localisé.  Si la nouvelle de l’interdiction des monomoteurs  a été globalement bien accueillie sur les réseaux sociaux, ce n’est pas le cas des professionnels du secteur.

Aussi, pour ce pilote, il eut fallu sécuriser le trajet emprunté par ce type d’avion au lieu de l’interdire. « Nous avons dû déposer auprès de la Direction Générale de l’Aviation Civile française, des cheminements de trajet, avec des déviations de manière à ce que nous soyons toujours en contact avec la terre ferme. Ainsi, nous pouvions rapidement nous poser en cas de panne moteur, c’est ainsi que les sociétés dans lesquelles j’ai travaillé, exploitent les monomoteurs », témoigne capitaine Doudou, pilote toujours en exercice en transport public et de fret évoluant en France et dans les Outremers.  « En Guadeloupe, c’est la même chose que la zone de l’océan indien, on survole avec des monomoteurs », assure-t-il.  

Seffoudine Inzoudine

Seffoudine Inzoudine est le président directeur général d’une compagnie aérienne qui exploite les appareils incriminés par l’aviation civile. « Ceux qui ont pris cette décision savent pertinemment que le crash de l’avion n’a pas été causé par une panne moteur. S’il s’était agi de cela, l’avion aurait amerri, l’ensemble des passagers et l’équipage auraient pu être sauvés », avance-t-il. Pour lui, peu avant le crash de ce 26 février au large de Mohéli, « les communications ont brutalement été coupées, ce qui éloigne l’hypothèse d’une panne moteur. L’avion s’est enfoncé directement dans la mer ». Pour l’homme d’affaires, les causes du crash sont à rechercher ailleurs. « La personne qui se prétend être l’enquêteur principal, le sait pertinemment mais elle a d’autres visées, anéantir Int’Air Iles », lâche-t-il. Et d’enfoncer : « Jean-Marc Heintz sait qu’il ne répond pas aux conditions exigées par l’Organisation de l’aviation civile internationale pour être enquêteur principal ».

Jean-Marc Heintz

Joint au téléphone, Jean-Marc Heintz n’a pas tenu à s’exprimer sur le sujet. Il faut préciser que seule la location des monomoteurs est interdite. La compagnie Int’Air Iles étant propriétaire d’un Cessna Grand Caravan, elle peut donc continuer l’exploitation de son avion si elle parvient à dépasser cette mauvaise publicité.  

Toujours est-il que lors du crash qui a coûté la vie à 14 personnes ce 26 février au large de Mohéli, un corps non identifié a été repêché. L’épave n’a toujours pas été localisée. Les recherches ont cessé au bout d’une dizaine de jours. L’agrément de la compagnie Ab Aviation est suspendu depuis 19 mars dernier.