Cyclone Chido : le président Emmanuel Macron confronté aux cris de détresse des Mahorais

Emmanuel Macron avec une partie du personnel du CHM et des sinistrés à Mamoudzou
A sa descente d'avion, comme à son arrivée au Centre hospitalier de Mayotte, le président de la République a plusieurs fois été interpellé sur la gestion de la crise qui cristallise les tensions au sein de la population. "On va continuer à agir", répond Emmanuel Macron.

Sur son parcours, du tarmac de l'aéroport de Petite-Terre au CHM, plusieurs Mahorais n'ont pas hésité à interpeller le président Emmanuel Macron sur la réalité de la situation à Mayotte depuis le passage du cyclone Chido.

La Vigie, Kaweni, Vahibé, Majicavo, Koungou… Ceux qui l'ont croisé ont énuméré tour à tour les innombrables quartiers précaires sinistrés et toujours livrés à eux-mêmes. "Beaucoup de gens n’ont pas bu d’eau depuis 48 heures", lui confiait aussi une soignante à l'hôpital.

Des pillages et toujours pas d'eau

"J’ai passé mon temps pour de l’eau, hier. Je passe mon temps à calmer des gens", lâche une autre femme. "L'eau va arriver", répond le président alors que jusqu'à présent, le cap fixé par la préfecture et la SMAE n'a toujours pas été atteint. A savoir le rétablissement du réseau pour la moitié de la population.

Se pose aussi la question de l'insécurité. "Tous les soirs, il y a des pillages, des violences, lâche un autre habitant. Des hommes rentrent pour prendre ce qu’il y a à l’intérieur". Une quinquagénaire prend à son tour la parole dans cet échange improvisé à l'extérieur : "Aujourd'hui on est tous insécurisé. On est tous psychologiquement mal !"

Revoir un extrait de ces échanges sur Mayotte la 1ère :

Emmanuel Macron, interpellé par des Mahorais

Un nombre de morts sous-évalué

Autre interrogation lancée dans la mêlée : comment répondre efficacement à l'urgence alors que le chiffre réel de la population est sous-estimé ? Les interlocuteurs du président parle ainsi d'une aide sous-dimensionnée : "On est plus d'un million, pas 320 000 !"

De même, le nombre réels de victimes est bien en deça de la réalité. "Il y a beaucoup de gens qui n'ont a pas été recensés", reconnait Emmanuel Macron. Mais le préfet rappelle à ses côtés qu'une équipe dédiée a été mise en place.

"On est face à des charniers à ciel ouvert, lance à son tour la députée Estelle Youssoufa. Il n'y a pas de sauveteurs, personne n’est venu récupérer les corps ensevelis. Il y a des fosses communes, des enterrements".

Emmanuel Macron : "Il ne faut pas se diviser"

"Où sont ces fosses communes ?", réagit Emmanuel Macron. A l'heure actuelle, les autorités ne peuvent confirmer officiellement que 31 morts. La part important de clandestins au sein de la population, des ressortissants comoriens sans papiers, complique la tâche, sans compter que la tradition musulmane veut que l'on enterre les morts rapidement.

Cette problématique des sans papier a aussi pesé dans la gestion préventie du cyclone. "Les gens n’ont pas été prévenus. Il fallait faire des maraudes aller partout et leur expliquer ce qui allait se passer mais ils ne sont pas sortis parce qu’ils ont peur de la police. Il aurait fallu faire les choses autrement et prendre en compte la culture de Mayotte", estime un autre habitant.

"Vous ne pouvez pas nous reprocher ça, a répondu Emmanuel Macron. Il faut qu’on se mette tous ensemble. Dès le début, des gens ont été mobilisés jour et nuit : il ne faut pas se diviser".