Cyclone Chido : Pourquoi il sera difficile d’établir un bilan des morts ?

Kaweni au lendemain du passage du cyclone Chido
Le cyclone Chido sera t-il recensé parmi les catastrophes naturelles les plus meurtrières de France ? Pour l’heure, le bilan humain officiel fait état d’une quinzaine de décès. Mais ce chiffre ne recense que les personnes prises en charge par le CHM. Dans les bidonvilles, le décompte des décès sera difficile à déterminer. On vous explique pourquoi.

C'est extrêmement difficile d'avoir un décompte officiel

déclare le préfet au JT de Mayotte la 1ère.

Le préfet a annoncé 9 décès au CHM et "5 personnes en urgence dépassées qui a priori vont perdre la vie". Selon lui, 5 autres personnes sont toujours dans une situation critique. Un hôpital pris d’assaut par les blessés. 246 autres personnes sont prises en charge. 


Ce résultat (le nombre de décès) n'est pas plausible lorsqu'on voit les images des bidonvilles"

admet le préfet de Mayotte

Pour lui, il est clair qu'il y a de nombreuses victimes qui ne pourront pas être décomptées.

Un enterrement dans les 24H du rituel musulman 

Pour comprendre ces propos, il suffit de se rendre sur le terrain. Par exemple dans la commune de Koungou, la plus peuplée après Mamoudzou, deux décès ont été officiellement recensés. C’est le cas de cette femme tuée par une tôle. L’objet emporté par les rafales de vent de près de 200km/h est devenu un projectile. Sa mise en terre a eu lieu dimanche matin en comité réduit. À peine quelques heures apres le décès, comme l’exige le rituel musulman.

Une tradition qui à mayotte se justifie aussi par des raisons sanitaires. Car avec la chaleur, les corps rentrent plus vite en état de décomposition. Cet exemple illustre pourquoi il sera compliqué de recenser tous les morts. En effet, si l’inhumation de cette femme a eu lieu en présence des agents de la mairie, combien d’autres se sont faites en catimini ? Dans les quartiers où les habitants ont déjà commencé la reconstruction de leurs maisons. Chacun enterre ses défunts.

Une intervention qui prend du temps 


Dans cette commune de 32 000 habitants la plupart des habitants vivent dans des quartiers précaires. Avec ses moyens limités,  la mairie de Koungou a commencé seule le deblayage des déchets. Elle n’a pas encore eu accès à ces zones. Même constat à Mamoudzou où les déchets encombrent encore une grande partie des rues.  Le reste du territoire est pour l’heure inaccessible par la route. Il faudra donc plusieurs jours avant d’accéder aux endroits les plus reculés de l’île. 

Kaweni au lendemain du passage du cyclone Chido

Une population en situation irrégulière 


Selon les statistiques sur l’habitat précaire, près de 100 000 personnes vivaient dans ces bidonvilles. Ces logements en tôle représentent un tiers des habitations sur l’île. Ils ont été entièrement rasés par le cyclone. Dans le même temps les autorités font état de 10 000 personnes réfugiées dans les hébergements d’urgence. Où sont passés tous les autres ? 

Autre constat, une partie de ces familles non recensées vivait au cœur de la forêt loin de tout pour échapper aux contrôles d’identité. 


C'est certain que les bidonvilles sont un charnier à ciel ouvert. La plupart de ces familles ont refusé d'aller s'abriter, malgré les sollicitations des autorités. Et si on n'a jamais vécu un cyclone, on ne sait pas quoi faire.

nous confie Estelle Youssouffa, députée de Mayotte


Mobiliser les associations


Alors comment recenser des personnes décédées qui vivaient sur l’île sans papiers ni existence légale ? Les autorités comptent faire appel aux associations de quartier pour faire ce recensement au plus près de la population. Un travail qui prendra du temps. Pour la députée Estelle Youssouffa, il faudra attendre la rentrée pour avoir un aperçu des décès. En effet on dénombre de nombreux enfants parmi les victimes.