Des animations ont été organisées par le département ce samedi 15 juin à Chiconi, à l'occasion de la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées. Devant près d'une centaine de spectateurs, des élus, responsables religieux, membres d'associations et la miss Coco ont tenu des discours sur le sujet.
Des étudiantes de l'IRTS, l'Institut régional du travail social, ont également organisé de courtes pièces de théâtre en shimaore pour illustrer les formes que peut prendre la maltraitance. L'une d'elles met en scène une fille, gardant la carte bancaire de sa mère, et ne lui donnait que 10 euros par mois sur ses 400 euros de pension.
"C'est une situation qu'on retrouve souvent en stage"
"C'est une forme de maltraitance dans la mesure où elle abuse de la confiance et de la vulnérabilité de sa mère. On voulait montrer que ce genre d'actes constituent de la maltraitance", explique l'une des étudiantes. "On a choisi ce cas-là, car c'est une situation qu'on retrouve souvent en stage. On a des personnes qui ne sont même pas au courant du montant des prestations qu'elles touchent."
Un phénomène peu identifié en tant que tel, même si beaucoup de Mahorais ont été témoins de faits similaires. "J'ai vu la maltraitance d'une personne vis-à-vis de ses parents âgés"raconte Aloa Maoungua, Miss Coco 2023. "Il leur parlait mal et j'ai dit à cette enfant que ce qu'elle a fait, ce n'est pas bien. Elle ne voulait pas de la bénédiction de ses parents. Cette situation m'a blessée et au final, la maman a rendu l'âme."
Une ligne d'écoute pour signaler
Une situation difficile à surveiller à Mayotte, par tradition, les personnes âgées et handicapées restent à domicile et sont prises en charge par leurs familles. Il n'existe pas de structure d'accueil collective, comme un Ehpad ou une maison de retraite. En 2018, une antenne de la plateforme d'écoute nationale, Allo Maltraitance, a été lancée à Mayotte pour aider au signalement de ces cas. Il s'agit du 02.69.661.976.
"On peut avoir entre 100 et 200 appels par an, cela indique que beaucoup de personnes sont en souffrance", précise Echat Saïd, la responsable d'ALMA Mayotte. "En 2023, on a qualifié 35 dossiers de maltraitance." Ces cas de maltraitance sont parfois involontaires. "On veut bien faire, on fait, on fait, et au bout d'un moment la fatigue s'installe. De cette fatigue, vient la maltraitance, envers nous-même et envers la personne âgée", poursuit-elle. "Il faut être en capacité d'admettre quand on est fatigué et d'accepter l'aide apporté par autrui." Plusieurs dispositifs sont notamment mis en place par la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte pour accompagner et soutenir la prise en charge des personnes âgées.