La danse, un sport d’équipe
Ils s’appellent Sabrina, Ibrahim, Christine, Moulaye, Anissa et Mohamed. Scolarisés au lycée Bamana, ils ont entre 16 ans et 18 ans. Parmi ces B-Boys certains viennent à peine de terminer leur BAC Blanc de français ou de sortir d’une réunion d’orientation. Pas de temps mort, cependant, pour eux. Impossible de rater la sacro-sainte séance d’entraînement de danse Hip-Hop. D’autant que la Finale des Championnats de France UNSS approche à grands pas, du 14 au 17 mai prochain, à Marseille.
Le Bamana Crew, champion académique de Hip-Hop de Mayotte
Le Bamana Crew est le seul lycée à avoir été sélectionné pour représenter Mayotte à cette compétition nationale. Il s’était déjà illustré, début mars, au Championnat académique de Hip-Hop, organisé au Collège de Majicavo. Plusieurs établissements collèges et lycées concourraient, parmi lesquels le Collège K-1 et le Collège de Majicavo.
Sueur, efforts, chorégraphies
Consacrer une après-midi entière à répéter leurs gammes est un défi immense en ces temps de Ramadan et de soleil au zénith.
Habillée d’un long Tee-shirt extra-large blanc et d’un jean blanc déchiré aux genoux, Sabrina, 17 ans, en classe de 1ere, reçoit de précieuses remontrances d’Alexandre Barrier, le professeur d’Education Physique et Sportive, également coach de la Bamana Crew : « Qu’est-ce que tu fais là ! Place-toi au milieu d’Anissa et Christine ! Les filles… Faites attention à ne pas franchir la ligne et montrez-vous plus démonstratrices ! »
Et voilà les jeunes danseuses parties dans une formidable cavalcade de House Music ! Des corps robotisés qui tremblent et sautillent harmonieusement dans tous les sens, sous le regard critique et bienveillant d’Ibrahim et Moulaye. Mohamed est heureux d’être là, pourtant, assis au fond de la salle de danse, il ne peut s’empêcher de maugréer, de rouspéter. Devant le rythme soutenu de l’entraînement, Moulaye n’en peut plus de transpirer. Christine, elle ne se fatigue pas de danser !
Respecter les impositions du règlement de la finale à Marseille
Chargée de prendre des vidéos et des photos pour alimenter leur compte Instagram Bamana Crew, Sabrina ne raterait pour rien au monde les chorégraphies de la Finale en préparation. « Depuis toute petite j’aime danser. Je m’étais focalisée sur la danse afro. Maintenant, je fais plus de New-style, de House et de locking », explique-t-elle.
« Je vous mets une musique de pop-in ou de locking ? Je sais que vous n’avez plus d’énergie. Dans 10 minutes, je vous lâche », déclare Alexandre. Le professeur est très pointilleux et ne veut laisser aucun détail de côté.
Alors que la musique, tantôt hip-hop, tantôt funk crachée de la grande enceinte noire, ambiance la salle de danse du lycée Younoussa Bamana, Alexandre Barrier explique que « cette séance sert à stabiliser leurs chorégraphies. L’objectif est de voir s’ils respectent toutes les impositions du règlement du championnat de France UNSS par exemple obligatoirement un effet de temps et d’espace … Un canon, une cascade. Il faut qu’ils travaillent sur une entrée collective de 10 secondes. On est là pour répéter encore et encore pour que ce soit parfait ».
Un voyage à Marseille conditionné par l’aide des sponsors
« 5,6,7,8 ! » lance Anissa sur le boum-Bap de la musique. Les six danseurs, trois devant et trois derrière, essaient de trouver la position idéale pour leur chorégraphie de danse collective. Les B-Boy se tiennent par les épaules, solidaires. Ils avancent à pas forcés avant d’exploser de tous les côtés ! « C’est pas mal mais ça ne suit pas ! Peut-être qu’à chaque ligne lors de l’explosion, les deux danseurs de devant devraient partir sur les côtés ? », s’essaie le coach.
La Team Bamana n’est pas encore arrivée à Marseille. Le plus dur est de trouver des sponsors qui financeront les billets d’avion ainsi que leur logement à côté du Palais des Sports de Marseille. « On a une cagnotte leetchi, qu’on retrouve sur notre page Instagram « Bamana Crew ». « On envoie des mails, on appelle et on frappe à toutes les portes à la recherche de sponsors en espérant obtenir des aides. Pour l’instant, nous nous félicitons d’avoir obtenu une aide financière de EDM», explique Alexandre Barrier.
Un entraînement jusqu’au bout de la nuit
Le Bamana Crew voudrait bien poursuivre l’entraînement jusqu’au bout de la nuit mais il faut savoir s’arrêter sachant qu’ils auront entraînement presque tous les jours de la semaine prochaine. Voilà le prix à payer pour espérer revenir de la cité phocéenne avec une médaille … Et qui sait un titre national ?