Élection présidentielle aux Comores, comme en 2019 le premier tour a été marqué par des contestations

Les candidats de l'opposition parlent d'une mascarade électorale
Ce dimanche 14 janvier 338 940 électeurs de la Grande Comore, Anjouan et Mohéli devaient faire un choix entre 6 candidats dont le président sortant Azali Assoumani, qui souhaite exercer un troisième mandat. Mais les premières heures qui ont suivi l’ouverture des bureaux, l’opposition et de nombreux électeurs dénonçaient déjà des fraudes.

Même scénario qu'en 2019, le déroulement du scrutin ce dimanche a donné lieu à de nombreuses irrégularités, dénoncées par les électeurs et les candidats de l’opposition. Dans la matinée déjà, des vidéos circulaient sur les réseaux sociaux.

À Anjouan fief du principal opposant d’Azali Assoumani, des inscrits se plaignaient d’avoir été rayés des listes, d’autres racontent que des bureaux de vote ont été déplacés à la dernière minute sans que les électeurs ne soient prévenus. Sur une autre vidéo on aperçoit le candidat du parti orange Mohamed Daoud dit kiki, intercepter les militaires qui repartent avec les urnes, visiblement plus tôt que prévu.

Une séquence est devenue virale, celle où l’on voit une femme bourrer les urnes à la hâte, mais difficile d’établir le lieu des faits. Des bulletins pré remplis ont également été pris en photo et saccagés par la population en colère.

Pendant ce temps-là le colonel Azali remplissait son devoir dans sa ville natale à Mitsoudjé avec son épouse. Tous deux ont été accueillis en grande pompe.

Azali Assoumani et son épouse accueillis en fanfare à Mitsoudjé
Le président sortant Azali Assoumani a voté peu avant 12h dans son village natal Mitsoudjé

Toute la journée l’opposition a interpellé notre équipe sur de nombreux dysfonctionnements alors que la Commission électorale nationale et indépendante (CENI) ne répondait pas à nos sollicitations. En fin de journée, les 5 candidats ont convié la presse à une conférence au complexe hôtelier Golden Tulip.

«  Il n'y a pas eu d’élection ce 14 janvier, je le dis avec regret. Le dictateur putschiste a récidivé », se désolait leur porte-parole le candidat Mouigni Baraka Saïd Soilihi. Peu de temps après Houmed Msaidie, le directeur de campagne du président sortant a répliqué dans un ton ferme : « Nous ne tolérerons aucune manifestation désormais. Ils veulent mobiliser les gens, quelques nervis pour une cause perdue d’avance. Parler de bourrage ne dérange pas mes oreilles, mais qu’on nous apporte les preuves et celles des urnes emportées par les gendarmes ».

Une dizaine d’opposants a été arrêtée hier, « par prévention » assure l’officier de la gendarmerie. Durant la journée aucun chiffre n’a été donné par la CENI. Aux alentours de 21h, elle transmet un communiqué dans lequel elle se félicite du climat apaisé et serein qui régnait durant ces élections, assurant que la participation dépasse les 60% selon les premières estimations. On apprend également que les résultats provisoires seront communiqués dans un délai de 5 jours maximum.

La CENI évoque la transparence et le bon déroulement du scrutin

Pourtant en fin de soirée Salim Issa Abdillah criait déjà victoire. Le candidat du parti Juwa fondé par l’ancien président emprisonné Ahmed Abdallah Sambi, soutient dans un courrier que « les résultats que nous avons compilés sur le plan national nous place largement en tête de manière irrattrapable, suivi par le candidat Bourhane Hamidou ». Les prochaines heures pourraient bien réserver des surprises.