Environnement : "repenser la place de l’arbre dans la préservation de la ressource en eau potable"

TRIBUNE A : LES NATURALISTES DE MAYOTTE

" À Mayotte, la préservation de la ressource en eau potable est un enjeu majeur actuel, mais surtout à venir ; la crise de l’eau reste en effet largement devant nous. D’une part, avec le réchauffement climatique qui tend à s’accélérer et va notamment favoriser l’évaporation des eaux de surface et réduire les quantités de précipitations. D’autre part, avec l’augmentation de la population (entre 440 000 et 760 000 habitants à l’horizon 2050 selon l’INSEE) qui va transformer le territoire avec une urbanisation et des zones agricoles croissantes au détriment des espaces naturels et forestiers.

Pourtant, en milieu tropical, les pluies sont l’unique fournisseur de la ressource en eau douce et nos plus grands alliés pour optimiser la captation et le stockage de cette ressource en eau sont les arbres. Le rôle de l’arbre est effectivement indispensable dans le cycle de l’eau à partir des feuilles qui réalisent de nombreux échanges gazeux et libèrent de la vapeur d’eau à l’origine des nuages de pluie, mais également à partir des racines qui permettent aux eaux de pluies de pénétrer dans le sol afin d’alimenter nappes souterraines et rivières.

En novembre 2022, une opération d’appel à dons était réalisée pour financer des projets en faveur d’actions de régénération et de préservation de forêts et de leur biodiversité dans le cadre d’une émission intitulée « Aux Arbres Citoyens ! » diffusée sur France 2, en partenariat avec FNE, récipiendaire des fonds. Les Naturalistes de Mayotte, lauréats de l’appel à projets, se sont engagés à mettre en place une initiative participative populaire de restauration écologique sur une zone périurbaine particulièrement menacée : le bassin-versant de la Gouloué, l’une des rivières les plus importantes de Mayotte. Il s’agit d’un secteur où l’on retrouve des ripisylves ainsi que des forages et captages en eau potable, pourtant largement déboisé et à fort développement (urbain/agricole/démographique) malgré l’arrêté préfectoral n°2022-ARS-896 déclarant d’utilité publique l’instauration de périmètres de protection autour des captages.

Deux hectares sont concernés par ce reboisement avec un total de 4 000 plants. L’enjeu est de restaurer des écosystèmes arborés afin qu’ils puissent remplir leur rôle multifonctionnel en termes environnemental, économique et social.

Pour cela, il est nécessaire, d’une part, de replanter une variété d’espèces adaptées aux ripisylves et préserver la régénération naturelle en zone naturelle dégradée et à proximité des cours d’eau, et d’autre part de développer l’agroforesterie en plantant différentes essences d’arbres et arbustes sur les terres agricoles afin de diversifier la production agricole et de tirer les bénéfices des services rendus par les arbres.

L’association s’est donc associée avec plusieurs propriétaires et exploitants des parcelles autour des forages de la Gouloué afin de leur fournir des arbres et arbustes fruitiers, pour, en échange, planter des essences indigènes de Mayotte aux abords de la Gouloué.

Les premières opérations de plantation ont commencé durant ce mois de novembre : plus de 1 700 plants ont été acheminés dont 1 300 arbres et arbustes fruitiers (14 espèces différentes) fournis à quatre exploitants agricoles et 400 pieds d’espèces indigènes (six espèces différentes).

Les premiers chantiers se sont déroulés en partenariat avec la DRAJES de Mayotte et les jeunes du SNU : deux journées de plantation ont été réalisées, permettant de sensibiliser plus de 70 jeunes aux services indispensables rendus par l’arbre et notamment son rôle primordial dans la préservation de la ressource en eau douce à Mayotte.

Le projet se poursuit jusqu’en 2026."

Les Naturalistes, Environnement et Patrimoine de Mayotte
5, rue Georges Pompidou – BP 1391 – 97660 Dembeni
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