Le bateau bus automatique, une très bonne idée pour désengorger les routes de Mayotte. «Le robot, il va simuler le bateau, explique Aanrafa MADI ZACHARIA ; élève de 3ème au collège Zakia MADI de Dembeni. Pour participer au concours scientifique "C génial", les élèves du collège de Dembéni ont créé un robot à guidage GPS qui fonctionne à l’énergie solaire. « Ce bateau va faire le tour de Mayotte. Il va s’arrêter à Mamoudzou par exemple, à Sada, se sont les ports. Il va s’arrêter pour que les habitants puissent monter et laisser de côté leur voiture pour diminuer les embouteillages» poursuit Aanrafa.
Le robot est équipé de diodes fluorescentes qui interpellent les visiteurs. «Pour un si petit robot, le programme est costaud, explique Robin Leclerc, le professeur à un journaliste en admiration devant le projet. Il y a beaucoup de ligne de code, le robot gère plusieurs capteurs en même temps» poursuit le professeur de technologie au collège de Dembéni.
Mais, pas facile de mettre en place un transport qui ferait le tour de l’ile. «Vas-y relance le », demande Robin, le professeur alors que le robot ne peut plus avancer. « On s’est rendu compte au fur et à mesure du projet que c’était quand même compliqué. C’est un beau projet, c’est une belle idée mais c’est un peu compliqué à réaliser en vrai. Alors que juste une ligne Dembéni- Mamoudzou qui est du même côté de l’ile, ça facilite les choses quand même. Finalement ça serait pas inintéressant de faire un gros zoom dessus et de faire quelque chose de réaliste. Parce que notre système il est sympa, mais quelqu’un qui habite Sada et qui veut aller à Mamoudzou, il a intérêt à se lever tôt quand même » sourit le professeur.
Et oui, car pour faire le tour depuis Sada, il faudrait plusieurs heures. Les élèves s’en sont rendus compte avec leur travail de SVT. «Ils ont fait le travail autour de la bathymétrie, la profondeur et les différentes zones où on peut passer. Ils ont fait des tracés différents et le tour de l’île, c’est 130 kilomètres, ça prendrait 6 ou 7 heures, c’est trop» confie le professeur de technologie de Dembéni.
Est ce qu’on peut passer entre l’ilot Bandrélé et Sakouli ? S’il n'y a pas de soleil, comment faire avancer le bateau qui fonctionne à l’énergie solaire ? Autant de questions que se sont posés les collégiens avant de se lancer dans le projet. Pour leur professeur, le but est avant tout d’ancrer les compétences des élèves.« En l’occurrence en techno, être capable de programmer en autonomie un suiveur de ligne. C’est une compétence sine qua non pour l’année de 3ème. » Mais pour avoir une chance de gagner le concours, il faut avant tout que les concurrents de Dembéni réglent les petits soucis technique. Et cela, avant le passage du jury.Les élèves sortent donc pinces et tournevis pour réparer les robots.
Du côté du collège de K2, on a choisi d’allier technologie et écologie. Pour remporter le concours "C génial", les élèves de 4ème misent sur le banga connecté. "Quelle est la température à l’intérieur du banga" demande Dorian à la l'intelligence artificielle à travers une tablette. Une voie synthétique lui répond « la température à l’intérieur du banga vaut 26°30 degré Celsius.» Trop chaud au gout de Diane qui demande donc à l’application de mettre le ventilateur en marche. «Je lui ai demandé de mettre le ventilateur, il a mis la lumière» s’exclame la jeune fille avant de faire une nouvelle tentative. «Que dois-je faire, Diane du collège K2 ?» lui demande l'intelligence artificielle. «Allume le ventilateur » réitère la collégienne. «Je n’ai pas compris votre requête, que dois-je faire, Diane du collège K2 ?» lui redemande la machine. Pas plus de succès cette fois encore. L’application ne comprend toujours pas. « Oh là là ! » râle Diane qui déclenche les rires de ces amies.
Ils sont 8 à venir présenter le projet, les élèves de 3eme ayant participé au projet étant en épreuve du brevet. «L’idée de ce banga connecté, c’est de remplacer les tôles ou le béton pour utiliser de la terre cuite à la place parce que ce n’est pas très cher et c’est très écologique» explique Miya Assoumani, 13 ans, élève de 4eme 2 au collège K2. Le petit groupe a pris beaucoup de plaisir à travailler ensemble « c’était très passionnant, nous confie Oumya, nous avons appris beaucoup de choses, on a communiqué ensemble et c’était super ».
Le projet est en préparation depuis 3 semaines, et c’est leur professeur de technologie qui s’est occupé de toute la partie technique et fil électrique. «Nous on l’a plus embelli, on a créé l’application», nous confie Diane. «On a créé l’application pour piloter la maison, complète Dorian, on a mis des blocs pour que la commande vocale fonctionne» explique Dorian, qui lui s’est occupé du diagramme.
En mélangeant les notions que les élèves apprennent dans les différentes matières, on se rend compte qu’il est possible de concevoir un objet technique complexe.
Ahmed MOUSSA, professeur de technologie au collège K2
«On a travaillé ce projet en cours de technologie mais on a fait appel à plusieurs matières, c’est-à-dire, la physique-chimie, les mathématiques et même l’histoire, à travers le banga» intervient Naïma, chargée de la présentation de l’application Android et de la formation des blocs. Une maison traditionnelle qui obéit à la voix, du côté de Kawéni, on croit vraiment en cette innovation. «Je pense que ce projet est réalisable à l’échelle humaine parce qu’on n’utilise pas beaucoup de chose» argumente Miya. Le plus fervent défenseur du banga connecté, c’est sans aucun doute possible, Ahmed MOUSSA, le professeur de technologie du collège K2. «De nos jours, la nouvelle génération à tendance a délaisser tous ce qui est traditionnel. Et avec ce projet, on démontre aux jeunes qu’il est possible de ne pas délaisser ces traditions tout en vivant avec les nouvelles technologies.»
Autour du stand des lycéens de Tsararano, il y a affluence. Le jury écoute les élèves qui présentent leur projet avec beaucoup d’attention. «Pour la gestion de l’eau il y aura 2 parties. La première partie ça sera pour pomper l’eau… »Les élèves présentent le «biodigesteur», un système qu’ils ont imaginé et créé afin de venir en aide aux agriculteurs. «Pourquoi cette réflexion ? Et est-ce que vous avez fait appel à des partenaires pour développer votre "biodigesteur" ? Questionne un membre du jury. Les lycéens ont développé ce projet autonome qui permet de récupérer et de stocker l’eau de pluie, qui parfois fait défaut aux agriculteurs.
Sur le stand voisin, les collégiens de Kwalé présentent leur projet de recyclage de bouteilles plastiques. Mélangées à du sable, la matière est transformée en pavés écologiques. «On va pas gagner monsieur», se plaint un élève. «Mais on est là pour l’effort, le gout de la recherche», lui répond son professeur, Jean Claude Nyumuyante. Car au-delà de la victoire, c’est pour sensibiliser les élèves au recyclage du plastique qu’est né ce projet. «Nous sommes professeur et si nous arrivons à pousser certains élèves à faire des études, à trouver une solution pour stopper le plastique et bien, c’est très bien» se plait à rêver Jean Claude, professeur de technologie au collège de Kwalé.
Le projet suivant, c’est MayAventure. Un jeu vidéo pour découvrir Mayotte, son patrimoine et sa culture. «Il y a des personnages, on va leur rencontre, il nous pose des questions. On a aussi intégrer des labyrinthes, on a fait des quizz explique Mouridi Issouffi, élève de 4eme à Kani-Keli. C’est lui qui a été désigné par ses camarades pour faire la présentation de l’application. « Là, je vais à la rencontre d’un personnage, il me demande quelle est la religion la plus pratiquée à Mayotte ? Et là je mets que c’est l’islam » commente Mouridi tout en cliquant sur la bonne réponse. MayAventure c’est une application entièrement créé par les élèves «On a dessiné les personnages, on a mis en place les graphismes, on a mis en place le plan de Mayotte, les maisons »complète Sami Madi Mari. «Ce jeu s’adresse aux touristes, au gens qui veulent découvrir Mayotte et son patrimoine. On a même mis une image d’un plat qui est traditionnel à Mayotte : le pilao, » se flattent les élèves. L’application sera mise en ligne une fois qu’elle sera complète.
La gestion de l’eau pour l’agriculture, le recyclage du plastique ou encore la découverte interactive du patrimoine mahorais… Pour développer, améliorer ses domaines, un dénominateur commun : les sciences.« Promouvoir les sciences, c’est la raison d’être de ce concours, donner gout aux sciences aux élèves. Le but, c’est qu’ils aient un moyen d’exprimer leurs idées , comprendre le monde des projets, faire des recherches par eux même, proposer des solutions et essayer de les mettre en œuvre, vérifier si elles sont valides ou pas grâce à un jury professionnel » Assad MOGNI, l'un des organisateurs du concours "C génial".
En fonction des projets, ça peut aller très loin mais il faut la motivation des porteurs de projets et des élèves, il n’y a pas de limites
Assad MOGNI, organisateur du concours "C génial"
Ces projets pourraient-ils se concrétiser? Oui, selon Assad MOGNI, mais seulement si les porteurs de projets adhèrent au concept. «S’ils se rendent comptent que le projet est pertinent et qu’on peut le développer un peu plus, libre à eux de contacter des partenaires qui les aideront à le développer et à aller le plus loin possible pour amener la solution jusqu’à son aboutissement.»
Le grand gagnant de cette année est le collège de Kani-Keli avec son application MayAventure. Les créateurs de l’application porteront les idées scientifiques de Mayotte au niveau national. Pour le gagnant cette année, une particularité, comme nous l’explique Assad MOGNI, l’un des organisateurs du concours "C génial".« Cette année, tout se passe en digitale, ce sera une e-cérémonie. (…) On espère que pour les années à venir on va repasser à un format où les gens peuvent se rencontrer où on peut voir plus de partenaires où on a plus de visibilité pour justement, s’il y a un projet qui est super pertinent et qui tape dans l’œil d’un professionnel, ça puisse plus facilement être valorisé et aller beaucoup plus loin.»
Le banga connecté, les pavés en plastique recyclés, vous en rêviez, les collégiens l’ont imaginé. Peut-être demain, feront-ils partis de notre quotidien ?
Le classement:
- MayAventure du collège de Kani-Keli
- le recyclage du plastique du collège de Kwalé
- le bateau-bus automatisé du collège de Dembéni
- le banga connecté de Kawéni 2