Le fossé se creuse entre la population et la justice

La mise en examen des membres du comité de patrouille de Labattoir a mis en lumière ces comités villageois qui ont décidé d’assurer leur propre sécurité. Des collectifs plutôt discrets mais qui ont la ferme intention de faire en sorte que « la peur change de camp ».
 
Ce sont des hommes et des femmes qui ne font plus confiance à la justice de leur pays. Ils ne veulent pas s’exprimer publiquement mais se sont organisé et mènent des patrouilles dans leurs villages. Au moindre mouvement suspect, au moindre signalement d’un rôdeur, ils réagissent.
Du nord au sud de l’île, on retrouve ces comités qui choisissent pour la plupart donc de garder l’anonymat parce que conscients des risques encourues. La justice ne voit pas d’un très bon œil l’émergence de ces patrouilleurs qui agissent en marge de la loi.
Le procureur de La République, Camille Miansoni parle d’acte criminel, effectué par certains membres de ces comités en référence avec ce qui s’est passé à Labattoir. Un délinquant notoire avait été enlevé et passé à tabac.

A la gendarmerie, on évoque des dérives pour désigner des « corrections » infligés aux présumés délinquants.
Ces patrouilleurs rencontrent beaucoup de soutien auprès de la population qui ne croient plus en la justice qu’elle juge laxiste envers les délinquants.
Si à Chirongui, une commune du sud Mayotte, des citoyens coopèrent avec les gendarmes pour dénoncer les actes de délinquances, dans le reste de l’île, on affiche ouvertement sa méfiance envers les autorités.
Des présumés victimes et des collectifs parlent volontiers des plaintes qui n’aboutissent pas, ou des jeunes présumés délinquants libérés juste après leurs interpellations.
Désormais donc, ils « corrigent », selon leurs termes, les délinquants. Des actes qui les mettent hors la loi et qui creusent encore plus profondément le fossé entre ces justiciables et la justice républicaine.