Grève générale à Mayotte : le gouvernement face à une crise aux enjeux multiples

C’est un contrat de développement que Mayotte exige désormais. L’éradication de l’insécurité au quotidien ne suffira plus à satisfaire les attentes des mahorais, surtout quand la société civile supplante les élus. 
La situation qui prévaut à Mayotte échappe aux politiques. Le mouvement contre la violence et l’insécurité est d’inspiration sociale. Il est une émanation d’un collectifs, d’une syndicale et d’associations. Les politiques tentent de se greffer sans y arriver.
Les candidats à la législative partielle ne s’y aventurent qu’avec beaucoup de prudence. Car le phénomène déroute aussi les responsables politiques locaux. Ils n’ont pas la main et ne se contentent que de suivre.

La décision de ne pas organiser l’élection législative partielle est un gage donné aux organisateurs de la grève contre l’insécurité avant d’être un signe de résistance au gouvernement.
C’est pour cela que le passage du président des Républicains à Mayotte, Laurent Wauquiez et les réactions du gouvernement ont été considérés comme étant une querelle entre parisiens.
Les conditions posées par Annick Girardin ont subi aussi le même sort parce qu’elles sont jugées avant tout, politiques.
Le Collectif des citoyens et l’intersyndicale portent des revendications et non un programme électoral. La lecture de la « Table revendicative » atteste de cet état de fait.
La manière et les termes utilisés sont peu conventionnels. C’est une conséquence de la suppression du filtre que constituent les élus et les responsables politiques.

Le point concernant le statut de Mayotte peut laisser penser à un volet politique. Oui, ils parlent de politique mais ne font pas de politique.
Les mahorais ; les collectifs, l’intersyndicale et les associations considèrent que cette problématique du statut de Mayotte a été réglée en 2011. Il n’est pas question de revenir dessus. C’est la partie pratique, son application effective qui est jugée insuffisante.
Le fameux toilettage institutionnel serait un retour à la Collectivité Territoriale qui a prévalu de 1975 à 2000. Une longue période d’incertitude. Les motivations de l’Etat seraient de trouver un statut qui irait avec les moyens alloués à Mayotte au lieu de donner à l’île les moyens du département-région qu'elle est aujourd'hui.

L’autre conséquence serait la perte du statut de RUP, Région Ultra Périphérique de l’Europe. Les RUP sont les départements d'outre-mer. Les autres territoires d'outre-mer sont dans les PTOM, Pays et Territoires d'Outre-Mer. Les régions ultrapériphériques font partie de l'Union européenne, à l'inverse des autres territoires ultramarins dépendant de pays membres de l'Union européenne, les (PTOM). Là aussi, il s’agirait d’un retour en arrière.

Cette grève générale contre l'insécurité donne l'occasion à la population mahoraise de faire le bilan de la départementalisation. Le fonctionnement de tous les services de l'Etat et l'administration des fonctions régaliennes de l'Etat : la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire ; assurer la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public avec, notamment, des forces de police ; définir le droit et rendre la justice ; définir la souveraineté économique et financière, notamment en émettant de la monnaie.

Le chantier est pharaonique. Et les conditions d'une paix durable à Mayotte seraient que Mayotte aient les moyens de son statut : DROM, Département-Région d'Outre-Mer et RUP, une Région Ultrapériphérique de l'Europe.
Madame Annick Girardin, ministre des Outre-mer, invitée au journal télévisé de Mayotte 1ère a demandé à ce que chacun prenne ses responsabilités. Les initiateurs du mouvement qui frappe Mayotte accusent l'Etat et le gouvernement de ne pas prendre les leurs à Mayotte.