Cette opération, hors norme pour le territoire, est minutieusement préparée depuis près de 10 mois explique la préfecture et cela fait même presque deux ans que les plans de démantèlement sont dans les cartons.
Ce matin, sur terre, dans les airs voire sur mer, des centaines de forces de l’ordre vont donc commencer à évacuer ce bidonville avant la destruction des 465 cases recensées, on peut estimer que cela va concerner entre 3500 et 4500 personnes voire plus, soit la population d’une ville moyenne.
Pour mener à bien cette opération, deux escadrons de gendarmerie sont arrivés en renfort il y a quelques jours investissant bon nombre d’hôtels du territoire, une opération très délicate car la population évacuée est composée de femmes, d’enfants, de personnes parfois âgées mais aussi de délinquants chefs de bande.
Ces derniers, plus ou moins conscients qu’une opération de décasage devient imminente, menacent déjà depuis plusieurs semaines de représailles. Ils seraient prêts, notamment, à s’en prendre aux riverains, à leurs véhicules, à incendier des maisons, à multiplier les caillassages...
Opération à hauts risques préparée depuis de longs mois
Des menaces que les services de la préfecture ont dû certainement anticiper, dans le cadre de cette opération elle-même prévue après le passage de l’ancienne première ministre. Elisabeth Borne s’était rendue au pied de la colline de Mavadzani là où justement, depuis quelques semaines, en amont de cette opération, s’est ouvert un centre d’hébergement qui aura pour mission de recueillir un maximum de personnes délogées. La préfecture assure même que le relogement est déjà prévu pour les populations évacuées sans donner d’autres détails.
Il faut savoir que le bidonville de Mavadzani s’est monté, petit à petit, sur un terrain de plusieurs hectares qui doit accueillir un futur projet immobilier, la commune de Koungou “pousse les murs” actuellement pour tenter de loger un nombre d’habitants en constante expansion, et ces futurs logements sont devenus incontournables.
Et d’ailleurs, et ce n’est certainement pas une coïncidence mais plutôt un fait exprès, ce lundi matin, à 10H00, la commune de Koungou et l’Etat vont poser la première pierre du futur écoquartier de Carobolé, 420 logements sociaux ainsi que la création de commerces, crèche, police municipale, groupe scolaire sur 5 hectares en plein centre de Koungou.
En septembre 2021, le bidonville de Carobolé avait lui aussi commencé à être détruit en début de matinée sous les yeux incrédules, attristés, colériques de ses habitants.