Ils sont des milliers à débarquer sur les plages de Mayotte chaque semaine par kwassa depuis les Comores... ils sont burundais, congolais, rwandais ou encore somaliens... Mayotte représente pour eux la porte d'entrée de l'Hexagone, mais leur quotidien sur place n'est pas toujours facile. Hommes, femmes et enfants vivent dans la rue à Kavani Massimoni, dans un camp. Désormais, ces demandeurs d’asile sont devenus la cible des délinquants.
Il est 22h, impossible pour les riverains du quartier Cavani- Massimoni de rentrer chez eux avec leurs véhicules. Des migrants, africains ont déroulé leurs matelas en plein milieu de la chaussée, comme toutes les nuits depuis plusieurs années maintenant. L’image est à peine croyable. C’est un dortoir à ciel ouvert. Ici, l’intimité n’existe pas. Femmes, hommes et enfants dorment côte à côte. Certains passent la nuit dans les garages des habitants, à proximité des véhicules.
« Une femme s’est déjà faite renverser par une voiture, un enfant aussi », témoigne Laydine Abdou Sidi. Lui, comme beaucoup d’autres riverains de Cavani Massimoni disent subir ce camp de migrants.
Une cohabitation compliquée
Non loin du camp improvisé, se trouve un terrain vague, « c’est ici qu’ils viennent faire leurs besoins. Le quartier empeste. Et en plus, ça pollue la rivière », lance l’un des jeunes du quartier, excédé par ces comportements. Difficile pour ces migrants devenus des sans-abris de faire autrement. « Ça nous met en danger. On peut attraper des maladies, mais il n’y a pas de toilettes pour nous, on n’a pas le choix », se défend ce candidat à l’asile originaire du Congo.
Pourtant, les jeunes du quartier se sont mobilisés pour leur construire des toilettes. Ce n’est pas du luxe, mais elles sont à l’abri des regards et mieux en termes d’hygiène.
Malgré nos efforts, les Africains continuent de pisser partout et faire leurs besoins dans des sachets pour les jeter un peu partout
précise un autre jeune.
Les migrants, cibles d’attaque des délinquants
Ce camp qui abrite des Burundais, congolais, rwandais est aussi un lieu risqué. De jour comme de nuit, les migrants sont exposés à de multiples dangers. Les attentes des délinquants se multiplient. Comme en témoigne une vidéo où on aperçoit deux jeunes en train de frapper à bout portant les migrants, en pleine nuit.
Le réveil est brutal. Surpris par l’attaque, ils sont pris de panique. Tous prennent la fuite. Dans la vidéo, celui qui filme la scène est pris par un fou rire. S’agit-il d’un jeu ou d’un règlement de compte ? Chacun y va de son commentaire dans le quartier. Malgré les nombreux dangers, les ressortissants africains n’envisagent pas de quitter les lieux.
Le choix du quartier n’est pas anodin. Ils campent devant les locaux de solidarité Mayotte. L’association qui reçoit d’importants moyens de l’Etat pour accompagner tout demandeur d’asile. Selon le directeur de la structure, il n'y a pas de places dans les rares centres d’hébergements.
Toutes sont réservées aux familles qui habitaient autrefois dans des bidonvilles, détruites dans le cadre de la loi élan. Certains migrants, des Somaliens principalement ont décidé de squatter le stade de Cavani, encore en chantier. Les repas sont préparés au feu de bois, à proximité des matelas posés à même le sol. Une maman est au bord des larmes ;
mes enfants ne mangent pas toujours à leur faim. Ils ne vont pas à l’école. Je veux partir en métropole
Le 101ème département est devenu la porte d’entrée de La France hexagonale. Chaque semaine, ils sont des milliers, des Africains des grands lacs, à entrer clandestinement à Mayotte par kwassa-kwassa, via Les Comores. Tous souhaitent la protection de La France. En 2022, Mayotte 4020 étrangers ont formulé une demande l’asile.
Selon l’OFPRA, l’office français de protection des réfugiés et apatrides, 86% demandes ont été rejetées. Ce qui interroge sur cette population qui reste sur le territoire puisqu’il y a très peu voire pas du tout de reconduite à la frontière des ressortissants africains vers leurs pays d’origine.