Les forces de l'ordre rapportent presque quotidiennement des faits de délinquance où il question d'auteurs armés de machettes ou encore de coupe-coupe.
Ces outils sont régulièrement détournés de leur usages par les "bandes", d'où cette annonce de la ministre des Outre-mer Marie Guévenoux d'interdire prochainement la vente de machettes "à ceux qui les utilisent à des fins d'armes".
Mais l'idée soufflée par les élus mahorais lors du déplacement ministériel de mardi laisse de nombreux Mahorais dubitatifs.
Revoir le reportage de Mayotte la 1ère :
"Vous êtes sérieux ?"
Elle a d'ailleurs inspiré des dessins sarcastiques sur les réseaux sociaux. "Vous êtes sérieux ? Vous pensez vraiment que les voyous se pointent à la quincaillerie pour faire leurs achats de machettes ?", lance un internaute en commentaire d'un photo-montage où l'on voit des individus encagoulés faire la queue devant un commerce, sabre en main.
Une clientèle de particuliers et de professionnels
Dans les quincailleries et autres enseignes de bricolage, les commerçants assurent être déjà extrêmement vigilants malgré l'absence de règlementation jusqu'à présent. Moustafa Karimdjee, directeur commercial chez Disma Mayotte, indique que ses clients sont essentiellement des particuliers et des professionnels.
Mais il pointe vite les limites des "contrôles" qu'il peut réaliser à son niveau. "Il y a des personnes qui vont acheter ces machettes pour pouvoir les revendre ensuite dans leurs propres commerces, les doukas, et c'est comme ça que peut se faire la vente", estime-t-il.
Vente aux mineurs : "On refuse catégoriquement "
Anlimou Souffou Kassim, employé dans une grande enseigne, rappelle que les commerçants appliquaient déjà des mesures préventives par le passé. "On ne pouvait pas se servir en rayons, c'était strictement interdit. Donc, on nous demandait et on servait la personne".
Moustafa Akbaraly, responsable de l'Etablissement Housseni, confie lui aussi être attentif. "Effectivement, des jeunes essaient régulièrement d'entrer dans le magasin, et à plusieurs parfois pour nous demander des upanga", reconnait-il.
"Mais quand on les voit, on reguse catégoriquement parce que vue la situation actuelle, on ne peut pas leur vendre des coupe-coupe ou des machettes. On ne sait pas ce qu'ils peuvent faire sur la route".
Des milliers de machettes vendues tous les ans
Mais si les professionnels s'accordent à dire que les clients douteux, et notamment les mineurs, font déjà l'objet d'une attention particulière de leur part, leurs chiffres de ventes nous interpellent forcément.
Actuellement, une enseigne peut vendre 260 pièces en moyenne par mois, soit plus de 3 000 coupe-coupe par an, alors qu'on ne compte pas autant d'agriculteurs dans l'île...
Reste à présent à voir dans les faits ce qu'une possible mesure "d'interdiction" pourrait avoir comme incidence sur l'insécurité.