La construction de Mayotte oui mais « avec les entreprises mahoraises »

Assemblée plénière extraordinaire 6 janvier au conseil départemental
Le 2 janvier dernier, après son séjour à Mayotte, Manuel Valls, le ministre des Outre-mer a poursuivi sa visite à la Réunion en rencontrant les élus de la région Réunion et les acteurs économiques pour parler de la reconstruction de Mayotte. À Mayotte, élus et acteurs économiques s’en indignent.

Estelle Youssouffa la députée LIOT de Mayotte monte au créneau. Sur Facebook, elle publie "nous devons nous battre pour que nos artisans, nos entrepreneurs de Mayotte soient les prioritaires sur les contrats de (Re) construction. Il n’est pas question que la Zone franche globale annoncée serve de tremplin pour les entreprises réunionnaises ". Après le passage du cyclone Chido, place à la construction ou reconstruction du territoire, on parle de milliards d’euros. À La Réunion, les acteurs économiques ont les yeux rivés sur notre île.

La députée Estelle Youssouffa réagi au sujet de reconstruction de Mayotte avec des acteurs économiques réunionnais

Le 2 janvier dernier, Manuel Valls rencontre Huguette Bello, la présidente de la région Réunion et le monde économique réunionnais au sujet de la reconstruction de Mayotte. Une rencontre qui ne manque pas de faire réagir ici à Mayotte. En assemblée extraordinaire ce lundi 6 janvier, les élus du département devaient délibérer sur le "Plan Mayotte Debout : refonder Mayotte pour et avec les Mahorais". Rapport qui a finalement été retiré de l'ordre du jour. Selon Abdoul Kamardine, le conseiller départemental de Mtsamboro et président des LR. Le document "sera présenté en séance mercredi prochain" pour permettre à tous les élus de l’amender si nécessaire.

"La construction de Mayotte doit se faire avec les Mahorais"

La conseillère départementale de Mamoudzou 1, Hélène Polozec n’y va pas avec le dos de la cuillère "François Bayrou a été clair, la construction de Mayotte doit se faire avec les Mahorais et par les Mahorais. On accepte la solidarité nationale mais je refuse que de facto les entreprises mahoraises soient exclues de toutes les constructions qui vont se faire sous prétexte qu’on n’aurait pas fait le recensement, post Chido, des compétences encore sur le territoire ".

Hélène Pollozec, conseillère départementale

Elle ajoute,"on sait que tous les obstacles au niveau de la commande publique, qui empêchaient parfois nos entreprises locales de répondre au marché vont être assouplis pour permettre à notre ingénierie locale, nos compétences locales de pouvoir y participer".

Et comme une réponse aux élus réunionnais, la conseillère départementale assène : "on sait que dans la plupart des cas, les marchés sont pris par d’autres entreprises qui sont souvent installées ailleurs et ensuite sous-traités au niveau local. Il faut qu’on arrête avec cette gestion-là et qu’on laisse nos artisans, nos entreprises être sur le devant de la scène pour le développement du territoire ".

"La Réunion ne peut pas accueillir toute la population de Mayotte, mais Mayotte non plus ne peut pas accueillir toutes les entreprises réunionnaises ".

Bourahima Ali Ousseni, président de la CPME Mayotte

Mayotte la 1ère

Bourahima Ali Ousseni, le président de la CPME, a lui "le sentiment qu’on était en train de se partager Mayotte à notre insu et sans nous " dit-il concernant la rencontre entre Manuel Valls et les acteurs économique du département voisin. Toutefois, réaliste, il est "conscient" dit-il "qu’on ne peut pas reconstruire Mayotte, seul, vu l’ampleur des dégâts, on a forcément besoin des entreprises extérieures. Mais il faut une part réservée aux entreprises mahoraises, qui ont tout perdu suite au passage de Chido. Il ne faut pas oublier que nous avons sur l’île, un taux de chômage élevé, nous avons besoin que ces entreprises extérieures embauchent nos chômeurs mais qu’ils ne viennent pas avec tout leur effectif".

Pour l’heure, au sujet du plan Mayotte debout, "le premier ministre a juste écouté nos doléances et a fait ses annonces. On ne sait ce qu’il y a dans ce plan, Manuel Valls ne nous a pas rencontrés. Madame Bareight, la maire de Saint-Denis a dit que La Réunion ne peut pas accueillir toute la population de Mayotte, mais Mayotte non plus ne peut pas accueillir toutes les entreprises réunionnaises ".

Ce lundi, les acteurs économiques mahorais ont envoyé des courriers aux élus départementaux et nationaux pour demander à être associés à la reconstruction de Mayotte.