La recherche d’un consensus pour gouverner

Assemblée nationale, Paris, le 3 janvier 2022, lors de l'examen du projet de loi sur le pass vaccinal.
Le palais de l’Elysée voit défiler de nombreux leaders politiques de tous bords depuis hier. Emmanuel Macron consulte tous azimuts pour essayer de trouver la bonne manière de travailler avec les oppositions

« Majorité étriquée cherche alliés désespérément » telle pourrait être l’annonce affichée au portail du palais présidentiel. Avec seulement 245/250 députés dans son camp, et plus de 300 qui lui sont plus ou moins hostiles, le Président sait qu’il lui sera impossible d’appliquer son programme. Côté gouvernement, le premier événement de la journée d’hier a été la démission de la Première Ministre Elisabeth Borne. Démission aussitôt refusée par le Président. On appelle cela une « démission de courtoisie », c’est un usage républicain après des élections. Le fait de la refuser marque un renouvellement de la confiance d’Emmanuel Macron envers sa Première Ministre.

Le Président veut sonder les différents leaders pour savoir jusqu’à quel point ils vont bloquer sa politique, ou au contraire s’il est possible de trouver des compromis. Le compromis n’est pas dans la tradition politique française mais il n’y a guère d’autres options, sauf à donner un grand coup de pied dans la fourmilière avec une dissolution. On efface tout et on recommence. Mais ce n’est pas l’option choisie.

En 2017, Emmanuel Macron s’était illustré en obtenant des ralliements

Emmanuel Macron

Des ralliements que ses adversaires ont qualifiés de débauchage. On se souvient combien les Républicains ont très mal réagi de voir partir Edouard Philippe, Bruno le Maire, ou encore Gérald Darmanin vers les rangs macronistes. Le ralliement ou le débauchage sont faciles quand on a le vent en poupe comme l’avait La République en Marche au début du premier mandat.

Aujourd’hui chacun doute de la solidité de cette majorité présidentielle, grandement menacée de blocage à l’Assemblée. Avant il était facile de gouverner avec des députés « presse-boutons », comme on les appelle pas très gentiment. Aujourd’hui il faut chercher un moyen de s’entendre sur certains projets. Par exemple on peut trouver à gauche des élus d’accord pour les mesures sur le pouvoir d’achat, alors qu’à droite on déteste sortir le chéquier et creuser les déficits. A l’inverse, sur les retraites, on peut tomber d’accord avec les Républicains sur le départ à 65 ans – le programme de Valérie Pécresse

était d’ailleurs quasiment le même que celui d’Emmanuel Macron. En revanche avec la NUPES et le Front National ce ne sera pas possible, ils restent arque- boutés sur la retraite à 60 ans.

Cette nouvelle façon de gouverner ensemble existe ailleurs

En Italie, il y a des ministres de toutes les couleurs politiques au gouvernement sous l’arbitrage du président du conseil Mario Draghi. En Espagne, un gouvernement de coalition rassemble tant bien que mal la droite, les centristes, la gauche, et même des indépendantistes catalans. L’exemple le plus marquant est celui de l’Allemagne où l’on parvient à faire cohabiter des conservateurs, des socio-démocrates et des écologistes. On obtient ainsi des majorités de projets, et non pas des majorités totales.

Les compromis sont difficiles et parfois très long à trouver, mais on compte sur le réalisme et surtout le sens des responsabilités des leaders. Cela ne s’obtient pas avec ceux qui exigent des démissions, ou qui crient fort, en tapant du poing sur la table pour faire passer leurs idées. Les gaulois sont de cette espèce, mais cela changera… peut-être, un jour.