Abdou Hamada Hamadi, 70 ans, ne respire que par l’agriculture, dans son écrin vert de deux hectares et demi qui lui sert de parcelle. Elle est située à Dzoumogne. L’originaire de Bandraboua cultive des productions fruitières et maraîchères.
Depuis cinq ans maintenant la vanille est devenue sa passion. Il passe de nombreuses heures à côté de ces longues tiges noueuses et charnues, plus encore en saison de récolte à chercher si les gousses sont arrivées à maturité. Une fois le fruit de l’orchidée récolté, les précieuses sont amenées au quartier de la Vigie à Dzoumogne. Ici les producteurs de vanille viennent des villes environnantes. Julie Moutet fait partie de l’association Saveurs et Senteurs, elle a l’habitude de se rendre chaque mercredi à cette bourse de la vanille à la rencontre des producteurs locaux pour leur acheter leurs récoltes et leur proposer des contrats de commercialisation.
La période de récolte elle s'étale sur trois mois. (..) On vient chercher les gousses mûres qu'on pèse, on leur fait un bon de livraison ce qui va nous permettre de les payer. Ils ont séparés à l'avance les grandes gousses des petites gousses, on les achète à des prix différents, on les prépare aussi de façon différente. Tous les ans on a des nouveaux producteurs qui viennent, ils ont entendu notre façon de travailler.
Julie Moutet coordinatrice Saveurs et Senteurs
Les 200 kilos de vanille achetés chez plusieurs producteurs entre Bouyouni, Dzoumougne et Tsingoni sont acheminés au Pôle d’Excellence Rural de Coconi. Sur place, les visiteurs sont aussitôt happés par l’arôme des gousses de vanille séchées au soleil.
La collecte du jour, elle, est transportée délicatement au sein de la salle de préparation. Une caverne aux trésors où des milliers de gousse de vanille préparées sont couchées sur des étals. Etudier cette épice, structurer sa filière, mettre en place une éthique de travail et une traçabilité. Les objectifs de l’association Saveurs et Senteurs visent à placer Mayotte au sommet de l’excellence.
Saveurs et Senteurs a un rôle de défendre la filière de la vanille qui était carrément en sommeil et elle a un rôle d'accompagner les agriculteurs pour qu'ils puissent se professionnaliser et pour qu'ils puissent vivre de leur métier. (...) des produits de qualité ça coûte un peu cher car il y a beaucoup d'étapes à respecter.
Siaka Daouirou, président de l'association Saveurs et Senteurs
La vanille mahoraise se vend essentiellement sur le marché local à 700 euros le kilos. Ses acheteurs se répartissent entre les touristes, l’aéroport, quelques restaurants et les habitants du territoire.