Le Mystère de la Fillette Disparue : Conflit Familial dans le Sud de la Grande-Comore

Le palais de justice des Comores
Dans une localité du sud de la Grande-Comore, une famille se déchire au sujet du sort d’une fillette. Ses parents soutiennent qu’elle se porte bien mais refuse d’indiquer où elle se trouve. La famille élargie n’est pas de cet avis et fait tout pour la retrouver.

Une fillette est portée disparue. En fait, ce serait simple si tout le monde s’accordait sur cette disparition. Ce qui n’est pas le cas. Deux camps s’opposent dans cette ville située au sud de la Grande-Comores. La famille nucléaire de F et sa famille élargie.

Le père soutenu par son épouse et mère de l’enfant assure qu’elle se trouve « en un lieu sûr ». Sa famille élargie n’en est pas convaincue. Pour preuve, « cet avis de recherche » publié sur le réseau social Facebook le 18 septembre par la tante maternelle de l’adolescente. « Cet enfant vient de (…), elle a 11 ans. Elle est soupçonnée d'avoir subi des agressions sexuelles par son père biologique et elle est portée disparue à Mayotte ».

La publication partagée près d’une centaine de fois était accompagnée de la photo de l’enfant, laquelle a entretemps été supprimée. Elle vaut à son autrice une plainte de la mère biologique au palais de justice de Moroni.

Tribunal de Moroni

Les 2 parties se présentent au tribunal le 21 septembre où elles sont reçues par le substitut du procureur, Abdou Ismail qui avait la veille de la rencontre, exigé « un appel vidéo » entre les parents et la fillette.

« En lieu et place de l’exigence du magistrat, les parents ont passé un appel normal, la fillette au bout de la ligne n’était pas F, sa tante qui était présente en est convaincue. Ce n’était pas sa voix », assure Me Idrisse Mogne, avocat de l’association Faina, du nom de cette fillette de 5 ans, violée puis assassinée en 2021.

Lieux où le corps a été retrouvé

À lire : [Comores] Faina, 5 ans violée puis assassinée

L’association a été saisie par la famille élargie de F le 17 septembre pour « présomption de violence sur mineure ». Elle réclame le retour de l’enfant à la Grande-Comore.

Joint au téléphone ce 3 octobre, dans la matinée, le père de la fillette nie que le magistrat a exigé un appel vidéo. « Il a demandé un simple appel, ce qui fut fait à deux ou trois reprises », avance-t-il.

La maison de Faina

Il assure que F se porte bien et qu’elle est dans un lieu sûr. Il nie toute agression sexuelle sur sa progéniture. Est-elle à Mayotte, en France ? Sur haut-parleur, notre interlocuteur demande à une femme qu’il présente comme son épouse s’il peut nous révéler où se trouvait l’enfant. «Nous ne dirons plus rien. F a déjà été affichée sur les réseaux sociaux. Pour son bien nous tairons le nom de l’endroit où elle se trouve», a dit celle qui dit être la mère de l’adolescente.

Mayotte la 1ere a contacté à plusieurs reprises le substitut du procureur de la république de Moroni, sans succès. Un oncle de la fillette soupire. « La mère de F, mariée très jeune est sous l’emprise de son mari. Celui-ci a intérêt à ce que l’enfant ne soit pas retrouvée parce que pour lui pas de preuve pas de crime. Il aurait tellement été plus simple que l’enfant soit présentée aux autorités à Mayotte si tant est qu’elle s’y trouve. L’on imagine aisément que dans cette situation, elle est déscolarisée et vit recluse ».

F aurait embarqué en décembre 2022, sur le ferry, « Maria Galanta » pour Mayotte sous une fausse identité, indique-t-on du côté de la famille élargie. Elle aurait été accueillie un temps par une parente du père qui résiderait à Koungou. Depuis que les rumeurs de « relations incestueuses » ont éclaté, la dame de Koungou indique que l’enfant n’est plus avec elle.

La commune de Koungou

« Pourquoi avoir déscolarisé en pleine année scolaire une enfant qui avait de bonnes notes et qui n’était pas malade pour l’envoyer à Mayotte ? », s’est demandé Mziarani Mradabi, chef de la Cellule d’Écoute et de Protection des Enfants de Moroni que l’affaire laisse pour le moins perplexe.

En attendant que « la vérité éclate, la notabilité de cette localité du Sud de l’île a banni toutes les parties les parties prenantes de cette affaire ».