Le Procureur Yann le Bris : « La justice n’est pas moins sévère à Mayotte, au contraire »

Yann Le Bris, procureur de la République près le tribunal judiciaire de Mamoudzou

Le Procureur de la République Yann le Bris était l’invité de Zakweli ce vendredi.

Il s’est employé à répondre au « sentiment général d’impunité » avec des chiffres : « par exemple en métropole les juges appliquent des aménagements autres que la prison dans 85% des peines. Ici c’est l’inverse, 85% des condamnés vont en prison, et seulement 15% bénéficient d’un aménagement.


La prison de Majicavo connait un taux d’occupation de 140%, alors qu’il est de 90% à la Réunion ». Le Procureur a voulu aussi réfuter l’idée d’une justice laxiste ou inefficace : « Suite aux trois meurtres de petite-terre, par exemple, nous avons interpellé 26 personnes, dont 24 sont en prison parmi lesquelles des mineurs.

Depuis ces arrestations, le nombre de faits de délinquance a été divisé par 4 en petite-terre ». Il reconnait que la réalité de la délinquance est sans doute minorée, sous-estimée par les statistiques : « si les victimes ne portent pas plainte, il n’y a pas d’enquête».

S’agissant des mineurs, Yann le Bris constate « un phénomène de bandes qui n’existait pas auparavant, avec des faits beaucoup plus graves ». Cela étant, il rappelle que « 70% des affaires de délinquance impliquent des personnes majeures, et 30% des mineurs ».

3000 demandes de nationalité en attente

Le Procureur a voulu aussi souligner de l’activité judiciaire ne se limite pas au pénal. Le nombre des affaires civiles a explosé ces dernière années : « le nombre des divorces a augmenté de 30%, les ordonnances de protection de 200%, les injonctions de payer 200% » ; mais ce sont surtout les affaires de contentieux autour de la nationalité qui occupent grandement les juges et les greffiers : « Nous avons ici 3000 dossiers en attente de personnes qui veulent faire reconnaitre leur nationalité française, or nous ne pouvons en traiter que 200 à 250 par an.
 

Il nous faut un pan d’urgence pour résorber ce contentieux autour de la nationalité ». Il pointe, enfin, l’épineux problème de l’adressage : « quand nous devons convoquer une personne, on ne sait même pas où lui écrire ».