D'année en année, la part des femmes dans le sport augmente. Si des progrès sont à constater, l'égalité hommes-femmes est encore loin d'être une réalité à Mayotte.
Voir une femme courir derrière un ballon au pied ou sur un plateau polyvalent ou encore en kimono est devenu courant à Mayotte.
En 2018, Mayotte comptait au total près de 29 000 licenciés dont 28,4 % de licences féminines. Une proportion moindre que dans l'Hexagone (38,5 %) ou en Guyane (36 %) que l'on peut expliquer par différents facteurs. La plupart des infrastructures de Mayotte n'ont pas de vestiaires pour que les filles et les femmes se changent à l'abri des regards. Certains parents estiment encore aujourd'hui que la place de leur fille n'est pas sur un terrain de sport. Et la présence d'un faible nombre d'éducatrices pour encadrer les jeunes filles ne rend pas confiants certains d'entre eux.
L'UNSS Mayotte à parité
Toutefois, certains sports tirent leur épingle du jeu. C'est le cas du football qui compte le plus de licenciées féminines (hors Ufolep et UNSS) avec environ 1 100 licences en 2018 et 2019, soit un peu plus de 10 % du total des licenciés. Mais proportionnellement, c'est moins que le basket-ball et le handball qui sont respectivement à 30 % (680 licences féminines en 2020) et 40 % (724 licences en janvier 2021).
De plus en plus de disciplines sportives font la promotion du sport féminin, si bien que les petites Mahoraises ont désormais le choix de leur sport pour se dépenser, s'accomplir et s'épanouir physiquement. Et notamment à l'école. D'ailleurs en 2018, Mayotte est devenue le premier département de France à avoir atteint la parité en terme de licenciés à l'UNSS (Union nationale du sport scolaire).
Mais c'est surtout dans l'encadrement technique et dans les instances dirigeantes que la disparité entre hommes et femmes est importante. Lors des derniers Jeux des îles de l'océan Indien en 2019, il y avait seulement deux encadrantes féminines (contre 18 hommes), une seule dirigeante (pour 8 hommes) et aucune arbitre ou juge-arbitre féminine.
Parmi les ligues et comités affiliés au Comité régional olympique et sportif de Mayotte (CROS), seulement deux sont présidés par des femmes (Ufolep et canoë-kayak).
Trois places réservées aux femmes vacantes au comité directeur de la ligue de basket
La loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes a été adoptée pour faire un rééquilibrage et faire en sorte que les femmes aient plus facilement accès aux instances dirigeantes sportives. Et elle a introduit un quota. Pour les fédérations où les licenciées représentent un quart des licences au moins, 40 % des sièges du comité directeur ou du conseil d'administration sont réservées à des femmes. Pour les autres fédérations, l'obligation descend à 25 % des sièges.
Un principe repris plus ou moins lors des élections des ligues ici à Mayotte. Au football, une femme est présente au comité de direction. Au basket, 7 places sont réservées, mais 3 sont vacantes, faute de candidates. Au rugby, elles sont 4 sur 12 au comité directeur. Quant au handball, 10 femmes font parties du comité directeur de la ligue sur les 24, soit la même proportion que le nombre de licenciées. Et à la délégation régionale académique à la jeunesse, à lengagement et aux sports (DRAJES, ex DJSCS), on estime qu'il faut accompagner les ligues et comités vers la féminisation des instances, sans être tatillon.
En effet, s'engager en tant que dirigeant bénévole prend du temps. Ce sont aussi des responsabilités et quand on est une femme qui travaille et qui a beaucoup de tâches à la maison, difficile de trouver le temps pour s'engager dans la gestion d'une association sportive. Le CROS en a bien conscience puisqu'il a prévu une formation à la gestion d'un club sportif spécifiquement pour les femmes. Et il soutient de nombreuses actions en faveur de l'activité physique pour les femmes. Afin que le sport pour tous, hommes et femmes, soit un jour une réalité.