Les Mahoraises, championnes de la création d'entreprise

Ida Nel, présidente de MCG, Mayotte Channel Gateway, doit faire face à de nombreux conflits au port de Longoni.

A Mayotte, les inégalités hommes-femmes se réduisent. Et à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme, nous avons choisi de mettre en avant un domaine où elles sont devant les hommes,  l'entreprenariat. 

A Mayotte, tout le monde est d'accord pour dire que la femme joue un rôle fondamental dans la société. Pendant longtemps, on a mis en avant leur rôle de pilier familial, de militantes politiques notamment avec les Chatouilleuses. Mais désormais, les femmes veulent voir leur rôle au sein du monde du travail reconnu.

Sophiata Souffou est une des entrepreneures les plus connues de Mayotte. Elle se bat au quotidien pour les commerçants indépendants de l'île.

Si à Mayotte en 2017 seulement un tiers des personnages en âge d'avoir un emploi avait un travail, les femmes sont seulement 30% à avoir un emploi contre 45% des hommes. Une situation qui s'améliore néanmoins d'année en année, grâce à un taux de scolarisation des filles en hausse (72% des femmes âgées de 18 ans en 2012, contre 66 % des garçons) et un niveau de diplômes qui s'élève également. Mais malgré tout, leur niveau de revenu reste inégal entre les hommes et les femmes, notamment parce que les femmes sont le plus souvent en contrat court ou à temps partiel.

Pendant longtemps, les femmes entrepreneures de Mayotte se sont lancées dans le commerce alimentaire. Désormais, elles se lancent dans tous les secteurs.

 

Créer son entreprise pour avoir son propre emploi

Pour beaucoup de femmes, le moyen de subvenir à leurs besoins a donc été de se créer son propre emploi. Et si auparavant, des femmes peu scolarisées ont lancé leur commerce, aujourd'hui, les projets sont réfléchis.

Ce n'est plus une création subie, forcée. Mais les femmes sont plus diplômées et réfléchissent à des projets qui apportent une vraie plus-value à Mayotte

Maïmounati Moussa Ahamadi, directrice de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire de Mayotte

 

Et avec le changement de statut en 2011 et l'avénement du département, cet élan créateur a été renforcé.

De nombreux dispositifs ont été mis en place. Par exemple, il va y avaoir une convention qui va être renouvelée entre la Caisse de dépôts et de consignation et le conseil départemental pour soutenir les petits commerces. C'est l'occasion d'avoir un emploi et il faut maintenir cette dynamique.

Taslima Soulaïmana, déléguée aux droits des femmes à Mayotte

 

Pour aider les femmes dans la création d'entreprise, de nombreuses structures les guident dans leurs démarches. C'est le cas notamment de la couveuse d'entreprises Oudjerebou, la Chambre de commerce et d'industrie de Mayotte (CCI), la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire (CRESS) de Mayotte, l'Association pour le développement et l'initiative économique (ADIE). Celles-ci accueillent, conseillent et facilitent la construction des projets, notamment en montant des dossiers de demandes de subvention ou de financement.

Plus de la moitié des patrons mahorais sont des patronnes

Et elles ne s'en privent pas puisqu'aujourd'hui, les femmes dirigent 54% des entreprises mahoraises. On pourrait opposer à ce constat que les plupart des entreprises en questions sont des TPE et souvent des entreprises individuelles. Mais parmi les entrepreneures qui comptent à Mayotte, il y a quelques femmes, notamment Carla Baltus, la présidente du Medef et dont le groupe de transports a également des activités en Guyane. Ou encore Sophiata Souffou, gérante de plusieurs commerces dans le sud de Mayotte.
Le port de Longoni est géré par Ida Nel, une femme d'affaires installée à Mayotte depuis bientôt 40 ans. On peut également citer Ersi Volonaki, la patronne du groupe Sodifram, l'un des leaders de la grande dsitribution de notre département.

Carla Baltus (2e à partir de la droite), présidente du Medef, se rend souvent à Paris dans les ministères pour porter la voix des entrepreneurs de Mayotte.

Et désormais, c'est vers le développement des petites entreprises qu'il faut tendre. Certains organismes comme la CRESS poussent désormais les porteurs de projet à mutualiser leurs efforts, en créant par exemple des coopératives et ainsi développer des projets plus grands, plus ambitieux.

En étant rassemblés à plusieurs sur un projet d'envergure, on amoindrit les risques et on peut aller chercher plus de fonds, comme les fonds européens.

Maïmounati Moussa Ahamadi, directrice de la CRESS Mayotte

 

Des aides à la création d'entreprises nombreuses pour les femmes

Créer une entreprise ne s'improvise pas et doit répondre à de nombreuses conditions. Parmi celles-ci, il faut avoir un projet bien réfléchi et des fonds pour se lancer.
A Mayotte, beaucoup de créateurs d'entreprise ont du mal à avoir la confiance d'une banque pour des prêts. Mais des alternatives existent. En voici quelques unes.

  • Micro-crédit : l'ADIE peut fournir un prêt jusqu'à hauteur de 30 000 €. Il est remboursable sur une période allant de 6 à 36 mois. L'emprunteur doit présenter un garant qui couvre la moitié du prêt.
  • Prêts d'honneur : prêts personnels et à taux 0. L'association Initiatives Mayotte peut prêter 20 000 € pour le prêt classique. il y a également le prêt d'honneur renfort jusqu'à 30 000 € et le prêt d'honneur création-reprise jusqu'à 80 000 €
  • Garanties bancaires : Bpi France prend en charge 60 % du montant total du prêt bancaire. France Active a une garantie égalité femmes, un dispositif qui couvre 80 % du montant du prêt dans la limite de 50 000 €.
  • Aide à l'investissement du conseil départemental : pour les TPE et PME de moins de salariés et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 10 millions d'euros. Aide concernant de nombreux secteurs dont l'environnement, l'économie numérique ou encore le BTP. Aide plafonnée à 50 000 euros.
  • Aide à l'initiative des femmes : subvention du conseil départemental plafonné à 3 000 euros