Les mahorais avaient toutes les raisons de rejoindre le mot d’ordre appelant à marcher contre la vie chère dimanche dernier et pourtant, ils ne l’ont pas fait :
Il y a d’abord les auteurs de l’appel, Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie-Les Verts et le Parti communiste. Des formations politiques qui ne pèsent pas localement. La gauche n’a jamais pu s’installer durablement dans le paysage politique de Mayotte.
Mais surtout, les mahorais ont gardé un souvenir amer de la grande mobilisation de 2011 contre la vie chère. Plus de 45 jours de mobilisation sans résultat tangible. La loi vie chère, le bouclier qualité prix, l’observatoire des prix, tous ces outils qui étaient censés garantir un niveau de pouvoir d’achat convenable n’ont rien changé et la vie serait toujours très chère dans le 101ème département.
Le symbole de cet échec est « l’autoliquidation » du premier observatoire des prix . Un autre est en cours de création. Le nouveau président a été désigné et il est en ce moment entrain de consulter les acteurs de la vie économique du département. Mais un observatoire ne pourra pas changer grand-chose à la situation. En effet, il ne s’agit que d’un organe consultatif ; il n’a aucun moyen d’imposer ses « recommandations ». Si ses compétences devaient évoluer, cela nécessiterait de changer la loi.
Les instances mahoraises qui ont déjà été consultées ont mis en exergues les difficultés inhérentes à Mayotte, qui annihilent tous les efforts consentis pour baisser les prix à la consommation : les transports et les frais de douane.
L’autre élément à revoir est la liste des produits de premières nécessités pour qu’elle soit enfin en adéquation avec la vie mahoraise.
Les observations de l’INSEE, quand elles évoquent une baisse du prix à la consommation, même conjoncturelle, sont accueillies avec suspicion.
Il faut dire que les suites de la grande mobilisation de 2011 ont été douloureuses. L’économie locale a eu beaucoup de mal à s’en remettre et les leaders ont été accusés d’avoir plombé le développement de l’île. Un seul des responsables syndicaux qui étaient à la tête du mouvement est encore actif, Salim Nahouda de la CGT Ma.
Des syndicats qui ont désormais du mal à mobiliser à Mayotte aussi, les Collectifs ont pris le relai.