En mars 2018, Ramlati Ali est élue députée de la 1ère circonscription de Mayotte. Elle décide, dans la foulée de son élection, de quitter son poste de chef du pôle médecine, psychiatrie et rééducation au CHM. Sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), elle annonce s’être mise en disponibilité depuis le 26 mars 2018. « il y a incompatibilité entre mon mandat et mon poste de médecin au CHM, pour éviter tout conflit d’intérêt» assure la députée. Ce n’est pas le choix fait par tous les députés concernés selon leur déclaration sur le site de la HATVP.
"On est député tout le temps pendant son mandat, c’est pareil quand on est médecin"
Depuis avril dernier, elle a donc décidé de remettre sa blouse de médecin malgré son mandat de députée. « Depuis 2008, j’ai toujours su donner du temps là où il le faut, quand il le faut, j’ai toujours su exercer jusqu’à preuve du contraire. C’était le cas quand j’étais maire de Pamandzi, par exemple. On est député tout le temps pendant son mandat, c’est pareil quand on est médecin. Je suis sollicité à tout bout de champ » juge Ramlati Ali.
Nommée médecin au pole handicap de l’association, elle « s’occupe de la prévention, de la coordination des soins de jeunes patients » présente-t-elle avant d’ajouter « Actuellement on m’a demandé d’aller au CAMSP car ils ont zéro médecin, j’ai du prendre ce poste là au pied levé » détaille la députée.
Le CAMSP, c’est le Centre d’action médico-sociale précoce. Selon le site du groupe SOS dont fait parti Mlezi Maoré, il intervient auprès des « jeunes enfants de 0 à 6 ans présentant un retard de développement (tenue de tête, position assise, langage, éveil…) et/ou des troubles du comportement (agressivité, relation aux autres…) et de sa famille. Il a pour rôle la prévention, le dépistage et les soins, le diagnostic précoce et l’orientation du jeune enfant. »
"C’est une chance pour nous d'avoir Ramlati à Mlézi Maoré."
Et à Mlézi Maoré, on est très heureux d’avoir embauché l’ancienne maire de Pamandzi. « Avoir Ramlati, c’est une chance pour nous. C’est beaucoup plus intéressant pour nous d'avoir quelqu’un qui connaît les codes de Mayotte plutôt que d’aller chercher un médecin hors du territoire et qui ne restera pas forcément.» annonce Dahalani M’houmadi, le directeur général de la structure alors que sa présidente, Hanima Ibrahima Jouwaou - Roukia Lahadji est « très contente de l’avoir » au sein de Mlézi Maoré. Les propos sont dithyrambiques, pourtant l’embauche de Ramlati Ali n’a pas été médiatisée par Mlezi Maoré, elle est même restée très confidentielle. De quoi laisser planer le doute ? L’avenir nous le dira.
C’est Mlézi Maoré qui est allé chercher la députée pour lui proposer un temps partiel, « comme on appelle tous les libéraux de Mayotte » souligne Dahalani M’houmadi. D’ailleurs sa présidente lui embraye le pas « On cherche des médecins si vous en connaissez d’autres, on en cherche encore, envoyez les CV on est preneur. »
Une embauche pas médiatisée et un contrat annualisé à 40%
Par contre ils seront moins bavards sur les termes précis du contrat de Ramlati Ali. « Je n’ai pas les heures » annonce Hanima Ibrahima Jouwaou - Roukia Lahadji pendant que Dahalani M’houmadi explique qu’« elle a signé un contrat annualisé c’est-à-dire qu’à la fin de l’année on fait les comptes et elle est payée en fonction de ce qu’elle a fait. On donne priorité à son mandat et dès qu'elle le peut, elle vient faire des consultations en fonction de nos besoins » La concernée assure, elle, avoir signé un contrat à temps partiel annualisé de 40%. En moyenne, cela doit représenter douze jours de travail par mois.
La présidente et le directeur de l’association jugent que « si on la perd, ce sont ses patients qui seront perdants''. ou encore « Si elle se retire, ce sont les enfants qui seront handicapés » Enfin, la nomination de la député, étiquetée La République en Marche, dans une structure présidée par Hanima Ibrahima Jouwaou - Roukia Lahadji, elle aussi estampillée de la même couleur politique peut interroger. Mais ça, la présidente de Mlézi Maoré n’a pas souhaité l’aborder. La députée, elle, n’y voit aucune polémique puisqu’ «il manque au moins quatre médecins dans l’association.» Comprenez, elle n’a pris la place de personne.