Revue presse régionale 28 juin 2017

L' ARCHIPEL DES CHAGOS
MAURICE

L’affaire des Chagos a un fort retentissement dans la presse mauricienne. La semaine dernière, l’assemblée générale des Nations Unies a donné raison à l’Ile Maurice en votant la saisie de la Cour Internationale de Justice pour trancher le litige entre La Grande Bretagne et Maurice. Rappelons qu’il y a cinquante ans, en donnant l’indépendance à Maurice, la Grande Bretagne a gardé les Chagos, vidées de leurs habitants pour y installer une base militaire américaine.
Aux nations unies, les anglais et les américains sont voté contre la résolution. Les nations européennes se sont abstenues, mais une grande majorité a voté pour, notamment tous les pays africains ont soutenu Maurice.
Aujourd’hui l’Ile Maurice fait face à un froid diplomatique avec son ancienne puissance coloniale, mais « L’indépendance n’a pas de prix » titre « L’express ».
La Grande Bretagne a fait savoir que sa relation avec Maurice serait réévaluée.
«Ce n’est pas la première fois que le Royaume-Uni tente de faire peur à Maurice. En juin 2016, ce pays et les États-Unis ont émis un communiqué conjoint dans lequel ils expliquaient qu’une éventuelle demande d’avis consultatif à la CIJ pourrait porter atteinte aux relations bilatérales entre Maurice et le Royaume-Uni ».
De quoi avoir peur ? D’un éventuel boycott du Royaume-Uni ? Arvin Boolell – ancien ministre mauricien des affaires étrangères – rassure : «Beaucoup d’investisseurs anglais viennent à Maurice. Nous ne les perdrons pas à cause de cela puisque les investisseurs vont là où le climat est propice.»
Dans « le Mauricien », l’écrivaine et éditorialiste Shenaz Patel rappelle que même si elle donnait raison à Maurice la Cour Internationale de Justice n’a qu’un avis consultatif, la Grande-Bretagne et les États-Unis ne sont absolument pas tenus de le respecter.
Tout cela ne servirait-il donc, au final, à pas grand chose? Pas tout à fait. Symboliquement, le «move» de Maurice est très important car l’Etat mauricien a fini par faire corps avec la lutte inlassable des Chagossiens. Dont il faut saluer bien bas la détermination à faire reconnaître l’injustice flagrante dont ils continuent de souffrir. Au-delà, il y a aussi la question du maintien ou non de la base militaire américaine sur Diego Garcia, à laquelle Anerood Jugnauth (ancien 1er ministre et actuellement en charge de la défense) a dit que son gouvernement ne serait pas opposé. Souveraineté pour négocier la location de l’île aux Américains ou pour réaffirmer la volonté d’un océan Indien zone de paix? A l’occasion de notre 50ème anniversaire, il y aurait là matière à l’organisation d’une autre conférence, sur ce que nous envisageons et voulons comme avenir pour la République de Maurice, soit notre île principale mais aussi Rodrigues, Saint Brandon, Agaléga, Tromelin et les Chagos. Ces îles-confettis que des revendications et convoitises diverses n’ont manifestement pas fini de se disputer

MADAGASCAR

Les gens des bas-quartiers ont été « particulièrement » mobilisés avant hier pour remplir le stade de Mahamasina lors de la fête nationale.
Celui ou celle qui a accepté d’aller à Mahamasina pour remplir les vastes gradin du stade a gagné 5.000 Ar et un transport gratuit..
Si les dirigeants HVM (parti au pouvoir) avaient recours à cette pratique politique qui ne date pourtant pas d’aujourd’hui, c’est parce qu’ils sont conscients que leur cote de popularité tombe au plus bas. Le HVM est gravement en perte de vitesse dans la Capitale où tout le monde s’attend à un duel électoral sans merci entre le TIM de Marc Ravalomanana et le Mapar d’Andry Rajoelina aux présidentielles de 2018
. Cet esprit rebelle de la population tananarivienne se manifeste également à travers son refus de planter le drapeau national au-dessus des toits de leurs maisons. Très peu de gens se sont pliés à ce « signe de patriotisme
Madagascar toujours avec ce titre dans « Midi Madagascar » : « Je suis toujours vivant ». Qui dit cela ? C’est l’ancien président Didier Ratsiraka. L’amiral a riposté face aux nouvelles postées sur les réseaux sociaux annonçant sa mort.
L’amiral dit aussi que du temps où il était à la barre le prix du riz et celui de l’euro n’étaient pas aussi élevés. Il déplore l’inflation galopante. Par ailleurs, président annonce qu’il tiendra prochainement une conférence de presse.

LA REUNION

Toujours des polémiques au sujet de l’attitude à adopter face au danger des attaques de requins.
On se souvient qu’au mois de mars dernier, après l’attaque mortelle d’un surfer dans l’Est, à St André, un célèbre surfer professionnel américain, Kerry Slater, avait préconisé une chasse et un abattage systématique des squales.
Ensuite c’était au tour de la princesse Charlène de Monaco de s’insurger contre cette idée d’éliminer les requins : « Je suis désolée pour ce jeune surfer, mais il n'avait pas à nager dans ces eaux sales, particulièrement attirantes pour les requins, et, du reste, interdites à la baignade. On tue 1 million de requins par an, eux ont fait 20 morts à la Réunion depuis 2011… Sans ce prédateur, la planète ne fonctionnerait pas comme il se doit. Ce que préconise Slater met en danger l'écosystème", déclarait-elle à Paris - Match.
Le 2 mars dernier,
Des propos qui ont particulièrement choqué le collectif des familles et proches des victimes de la crise requin qui a décidé de lui répondre sur sa page Facebook. " Il n'est plus question aujourd'hui d'une crise, mais d'un véritable « Scandale Requin » à La Réunion. Il ne faut pas traiter un sujet aussi sensible avec légèreté, et nous vous demandons, lorsque vous vous exprimez sur une telle tragédie, de mieux vous renseigner, afin de ne pas blesser davantage les personnes touchées par ces drames", écrit ce collectif. Le collectif explique que « Les requins tigres et bouledogues impliqués dans les
attaques ne sont ni méchants ni gentils : ce sont des prédateurs voraces, de véritables machines armées de mâchoires redoutables, et dotées de moyens sensoriels extrêmement puissants et sensibles pour détecter leurs proies (nos enfants en l'occurrence). Ils ne sont plus pêchés sur l'île depuis 18 ans, bien que n'étant pas protégés. Ils n'ont pas manqué de se multiplier de façon anarchique, à l'instar d'une peste végétale, jusqu’à en devenir un fléau. Tout excès est nuisible, et ce que nous recherchons, c'est justement le retour à l'équilibre. »

BRUNO MINAS