La commune de Dzaoudzi-Labattoir à Mayotte a célébré, avec faste, les Journées européennes du Patrimoine. Son premier magistrat, Saïd Omar OILI, qui a invité, à cette occasion, le Préfet Dominique SORIN, a expliqué, à "Mayotte La 1ère.fr Actualités", sa vision du patrimoine dans la société mahoraise
Saïd Omar OILI : " La journée du patrimoine est une journée très importante pour la commune de Dzaoudzi - Labattoir quand on voit tous les gens qui sont là, qui participent aux manifestations que nous avons organisées.
Ces journées du patrimoine incitent à se rappeler d'où l’on vient ? qui sommes nous? et à ne pas oublier le passé.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention, le discours du président du Conseil départemental, Ibrahim Soibahadine qui nous rappelait que les Makua , c'est un peuple qui se retrouve au Mozambique où une délégation du Conseil départemental de Mayotte s'est rendue. Ils se sont rendus compte qu’on s'habillait de la même manière, on avait les mêmes danses, on avait les mêmes cultures.
Si on n'avait pas ce genre de choses, on ne comprendrait pas qu'à côté de nous, il y a des gens qui sont comme nous et que nous sommes les peuples du monde.
Nous sommes africains, nous sommes animistes, nous sommes musulmans, certains sont chrétiens.
Donc, le patrimoine, pour moi, c'est la lampe qui doit nous éclairer pour le futur. Mais pour se projeter vers le futur, il faut savoir d'où l’on vient. (Saïd Omar OILI)
Malheureusement, certaines personnes, dans notre territoire ici, refusent parfois le passé. Ils veulent toujours faire table rase du passé mais si on fait table rase, c'est, comme disent nos amis les historiens africains : " un arbre qui n’a pas des racines ne survit pas, il meurt."
Nos racines sont très importantes pour comprendre le futur. Dans un monde bouleversé, dans un monde d’incertitudes, dans un monde où, aujourd'hui, tout va très vite, seul notre patrimoine, seul notre passé peut ramener l’apaisement.
" Il faut que la culture soit mise en avant "
Qu'est ce que vous voulez que je rajoute? J'ai vu une photo de moi quand j’avais moins de 20 ans, une photo que j’avais oubliée... tout de suite quand j'ai vu cette photo, je me suis dit : " voilà ce que j’étais, voilà ce que j’ai fait avant."
C'est important de rappeler aux gens que je ne suis pas arrivé là par hasard mais j’étais obligé de passer des concours et toutes ces photos nous renseignent sur ce que nous étions. Nous ne sommes pas venus ici par hasard. Il y a des gens, avant nous,qui se sont battus, il y a des gens, avant nous, qui se sont sacrifiés. Donc, je dirai que rien n' est gagné, il faut à chaque fois se battre pour conquérir des nouveaux droits, pour conquérir des éléments matériels parce que nous sommes dans un monde matériel aujourd'hui mais il ne faut pas oublier, non plus, ce monde immatériel qui fait que nous sommes aujourd'hui un peuple, nous sommes une ethnie, si on peut appeler ça comme ça et que pour cela, il faut que la culture soit mise en avant.
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OILI
Propos recueillis par EMMANUEL TUSEVO - DIASAMVU.