Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, était ce vendredi 29 mars à La Réunion pour assister à l'audience solennelle de la chambre régionale des comptes de La Réunion et Mayotte. "C'est vrai que la chambre régionale s'est à nouveau penchée sur Mayotte, car ces dernières années avec la pandémie, nous l'avions moins contrôlée que la Réunion, désormais nous sommes dans une attitude de rattrapage", précise l'ancien ministre de l'Économie.
"Nous ne sommes pas là seulement pour dire ce qui ne va pas, mais aussi pour faire des analyses objectives qui proposent des stratégies de redressement", se défend-il. Il prend pour exemple le rapport publié le 5 mars appelant à réformer l'octroi de mer, cette taxe appliquée sur les produits importés dans les Outre-mer. "Nous ne proposons pas la suppression de l'octroi de mer, c'est indispensable à nos collectivités, c'est 1,64 milliard d'euros de ressource au total", explique le président de la Cour des comptes. Pour la ville de Mamoudzou, cette taxe représente par exemple un tiers de ses recettes fiscales.
850 classes à construire
"En revanche, cet impôt est un peu daté et soulève des problèmes : il ne finance pas suffisamment l’investissement et le développement, il ne permet pas de lutter contre la cherté des prix, plutôt le contraire", ajoute Pierre Moscovici. " Et donc la proposition de la cour ce n’est pas la suppression, ni son remplacement, mais une réforme à revenu constant de l’octroi de mer."
Selon le président, à Mayotte, "il y a des problèmes de démographie, des problèmes d'immigration clandestine, de sécurité, mais au-delà, il y a un problème fondamental de développement durable et ça passe par la résorption des retards d'éducation." Il y a encore 850 classes à construire dans le département, "c'est considérable." Dans ses rapports, la chambre régionale des comptes appelle à renforcer l'ingénierie territoriale, c'est-à-dire "la capacité de l'État et des collectivités territoriales à travailler ensemble pour faire face aux enjeux."