Le Merkil, ce fertilisant que l’on pourrait même boire

Le Merkil, une mixture qui se rapproche de la composition de la flore intestinale et très bonne pour l'homme, selon ses inventeurs.
Le Merkil est une substance biologique mise au point en Martinique qui permet d’obtenir des résultats prometteurs en élevage et agriculture bio. Rencontre avec le docteur en science, Arabel Elias Iglesias, à l’origine de ce produit miracle.
Le Docteur Arabel Elias Iglesias, c’est "l’homme de la situation", découvert à Cuba par le planteur de banane bio du Lorrain, Michel Blondel La Rougery. Ce dernier s’était lancé dans le bio en 2004, mais avec peu de succès. Les engrais biologiques qu’il faisait venir de l’hexagone donnaient des résultats médiocres. À la limite du découragement, cette rencontre en terre cubaine fut pour lui déterminante.

Le Docteur Elias Iglesias, scientifique au CV fort éloquent, se mit à élaborer une mixture, le Merkil qui reproduit la flore intestinale et vient la renforcer, aussi bien chez les animaux que chez l’homme. Mais la finalité du produit, c’est qu’il permet de transformer le purin de porc en un fertilisant sans odeur et sans nitrate capable de régénérer le sol. Résultat, à Morne Capot au Lorrain, le traitement de 50 ha de banane bio commence à donner des résultats intéressants. Et le sol y a retrouvé une richesse biologique mesurable.
Le Dr Arabel Elias Iglesias : "le Merkil met le bio à la portée des petites exploitations familiales"

Maurice Nagou : C’est quoi le Merkil ?
Docteur Arabel Elias Iglesias : Le Merkil est un produit biologique riche en bactéries, levures, acides aminés, enzymes, micros éléments et excellent pour la santé de l’homme. Personnellement, je consomme le Merkil préparé ici même par Michel La Rougery. J’ai 81 ans, je suis très vigoureux, je n’ai aucune maladie et j’ai l’esprit très clair. Le Merkil agit sur la nourriture qu’il prédigère, de sorte que les animaux les assimilent mieux. Par exemple, un aliment qui possède un indice de digestion de 70% passe à 80% lorsqu’il est mélangé à du Merkil. Il y a donc meilleure assimilation des nutriments qui le compose.

MN : C’est votre invention ?
AEI : Oui. Cela représente énormément de travail. J’ai travaillé sur plusieurs formules. Celle du Merkil est unique. Il ne s’agit pas du même produit sur lequel je travaillais à Cuba. Le Merkil a été mis au point spécialement avec Michel Blondel La Rougery pour être utilisé ici dans les champs de banane bio.

MN : Nous savons que le Merkil est obtenu à partir de micro éléments recueillis en forêt et que la mélasse aussi entre dans sa composition. Mais, la formule est-elle secrète ?
AEI : Oui. Michel s’est occupé de la faire breveter. C’est une coproduction avec Michel. Par exemple les bacs à fermentation que nous utilisons n’ont pas été conçus par des ingénieurs, mais sont le fruit d’une réflexion commune entre lui et moi.
Dans ces cuves à fermentation le purin de porc additionné de merkil est débarrassé de ses composants polluants, dont le nitrate
MN : Vous affirmez que le Merkil convient à toutes sortes d’exploitation agricole. Pourquoi ?
AEI : Pour nous, il existe deux sortes d’agriculture biologique : l’une industrielle et complètement mécanisable, l’autre plus familiale, réservée aux petits producteurs. Et le Merkil convient aux deux types. Sur les grandes exploitations de canne à sucre, de banane, on pourra procéder à l’application mécanique et directe du produit sur la plante. Mais pour les familles avec leurs petits lopins de terre avec production potagère, petit élevage de poules, porcs ou lapins, la production de Merkil pourra se faire à petite échelle dans les bacs de 200 litres.

MN : Le Merkil est-il commercialisé ?
AEI : Non. Ce n’est pas encore le cas.

MN : Un éventuel succès serait mal perçu des multinationales comme Monsanto ?
AEI : C’est à l’industrie chimique de savoir comment assurer son avenir. Nous, nous travaillons pour que l’on arrête d’utiliser des pesticides et des fertilisants chimiques. Avec nos produits "bio", on peut augmenter la production de canne à sucre, de banane, de maïs, de façon substantielle. Alors, que va faire Monsanto ?  Peu nous importe. Nous continuons à travailler avec foi parce que c’est la solution à apporter à la contamination de l’environnement. Alors que Monsanto continue de polluer.

(Re)voir le reportage avec des images d'André Quion-Quion : 
©martinique

 

Qui est le Docteur Arabel Elias Iglesias ?
Ancien chercheur à l’Institut des sciences animales de l’Université agricole de la Havane à Cuba, Arabel Elias Iglesias est docteur en science vétérinaire et diplômé de l'Université d'Aberdeen en Ecosse. Il a reçu la distinction suprême de « Héros du Travail » de la République de Cuba. Sa contribution, soit comme administrateur, membre actif ou membre honoraire de plusieurs organismes scientifiques et politiques, a abouti à ce que des solutions innovantes soient apportées à divers problèmes de production animale dans plusieurs pays. Il s’est distingué pour ses recherches dans le domaine de la valorisation des déchets agro-industriels notamment par l’utilisation des microorganismes. Au cours de sa carrière universitaire, le Docteur Arabel Elias Iglesias  a dirigé une cinquantaine de thèses de doctorat.