Moetai Brotherson élu 18ème président de la Polynésie

Moeati Brotherson candidat Tavini Huiraatira à la présidence de la Polynésie
Moetai Brotherson avait en début de séance trois adversaires face à lui : Benoit Kautai, Nicole Sanquer et Edouard Fritch, mais au final, ce sont bien les voix du Tavini qui le confirment en tant que président de la Polynésie. Il devrait ainsi y avoir passation de pouvoir cet après-midi à la présidence de la Polynésie, avenue Pouvanaa a Oopa.

C'est à 9h35 que l'ensemble des représentants ainsi que le président de l'Assemblée de la Polynésie se sont installés dans l'hémicycle. Après une prière et une chanson, la séance a été ouverte à 9h50. Le président de l'Assemblée, Antony Géros, a appelé chaque candidat à s'exprimer.

Benoit Kautai

Premier candidat à la tribune : Benoit Kautai qui commence son discours en marquisien avant de poursuivre sur la vision depuis son archipel de la vie politique polynésienne :

"Mon objectif, ce n'est évidemment pas d'être élu, car le Tavini Huiraatira dispose d'un nombre de voix suffisant pour élire le candidat de son choix. (...) je souhaite avec ma candidature partager le regard d'un archipel éloigné, celui de la terre des hommes, te Henua Enata." "Les îles Marquises sont l'archipel le plus attaché à la République française, les trois derniers scrutins ont confirmé la volonté de l'archipel marquisien de suivre les Hakaiki"

Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva candidat à la présidence de la Polynésie

Il continue sur sa volonté de travailler toujours au sein de la République française, mais surtout que l'on n'oublie pas de prendre en compte les besoins des archipels éloignés dans la nouvelle mandature.

Nicole Sanquer

À 10h15, place à Nicole Sanquer qui ne mâche pas ses mots à l'encontre du Tapura avant de continuer sur son programme.

"Malheureusement durant la séance d'hier, nous avons encore subi le comportement déplorable de certains membres du Tapura, à proférer des insultes ou des fausses interprétations devant le geste d'ouverture et de reconnaissance du Tavini, à l'égard des élus du A Here ia Porinetia. Il serait donc vain et dérisoire de critiquer à outrance les autres;  qu'ils soient orange, vert ou jaune, pour ensuite appeler à l'unité d'un soi-disant camp autonomiste. Nous voulons surtout croire que la nouvelle majorité qui s'installe ne s'enfermera pas dans les mêmes travers, celui du déni de démocratie, celui de la confiscation du pouvoir par crainte de le perdre, celui de la surdité à la parole de l'autre, qui s'enferme dans des soi-disant vérités, celui de la démesure face à la précarité et la pauvreté grandissantes de nos familles, celui de l'impunité aux règles que l'on édicte, tous ces travers qui conduisent tôt ou tard qu'à une seule issue, celle de la défaite, qu'il faut savoir admettre et reconnaître. Nous souhaitons que cette mandature soit une victoire collective, nous souhaitons que cette mandature soit une réussite pour notre pays et pour son peuple."

Nicole Sanquer candidate à la présidence de la Polynésie

Edouard Fritch

10h42 Edouard Fritch prend la tribune.

"Au nom de l'intérêt de la Polynésie, nous ne voulons plus d'instabilité. Ne voyez pas dans la prime majoritaire un complot de l'Etat. La prime majoritaire, c'est nous qui l'avons voulue. Cette loi, qui a été votée en 2019, a été votée, car effectivement, nous voulions arrêter cette valse politique qui faisait que notre pays vivait dans l'instabilité. C'est une volonté souhaitée par cette Assemblée. (...) Les intérêts de notre pays sont bien supérieurs à nos égos, supérieurs à nos rancœurs ou à nos rancunes, nous attendrons les actes de cette nouvelle majorité. Nous saurons aussi discerner ce qui sera bon pour nos populations. Oui, je pense que la majorité et le gouvernement que j'ai mené durant ces 5 dernières années, je pense, a bien travaillé." Édouard Fritch poursuit ensuite en faisant un bilan de sa gouvernance et pour son équipe. Avant de défendre une fois de plus, l'Autonomie "Les amis ne mordons pas la main de celui qui nous donne à manger" en parlant de "l'Etat bienveillant".

Edouard Fritch candidat à la présidence de la Polynésie

"Nous sortons de cette mandature la tête haute, et avec le sentiment d'avoir fait notre devoir" (...) "Notre autonomie est enviée aujourd'hui par les pays indépendants du Pacifique"

Moetai Brotherson

Moeati Brotherson candidat Tavini Huiraatira à la présidence de la Polynésie

Enfin le dernier candidat, Moetai Brotherson arrive à la tribune à 11h10. Après les salutations de rigueur, il s'adresse directement à Benoit Kautai à qui il confie qu'il "a compris ses demandes et son intervention". Il s'adresse aussi à Nicole Sanquer, lui dit qu'il "comprend aussi ses demandes et qu'il pense aussi qu'il faut travailler ensemble". Aux élus Tapura, il continue sur un ton taquin pour leur dire que le Tavini ne veut pas les "peindre en bleu et qu'il respecte leur position d'autonomiste". Il termine son discours en remerciant le Seigneur, ainsi que ceux qui ont ouvert la séance. Il s'adresse ensuite à Edouard Fritch, il le remercie "pour ses positions et l'invite à se rencontrer plus tard pour le passage de relai." Et enfin il a "une pensée pour les gens à Teahupoo, la presqu'île ainsi que dans les îles où il y'a eu des dégâts et qu'il faudrait commencer rapidement avec ces chantiers." Il revient d'ailleurs sur les grandes lignes du programme : "Faatura, respecter, Faaora, soutenir, Faatupu, Bâtir (...) Respecter le peuple avant tout, respecter toutes les institutions, respecter l'Etat pour qu'il nous respecte, respecter nos cousins du Pacifique, nous respecter nous même, faire un peu plus de sport, manger un peu mieux." Il continue avec une citation de Tolstoi qui "disait tout le monde veut voir le monde changer mais personne ne veut changer... il nous faut méditer sur ces paroles". (...) "L'engagement que nous avons pris est de vous servir et non pas nous servir (...) Mon jeune collègue Tematai Legayic utilise une parabole pour parler de l'Indépendance : demain on nous dit si il y a l'indépendance, la France va s'en aller et nous allons mourir de faim. Est ce à dire que l'Etat va partir avec le taro, les bananes, ou encore le poisson et aussi les pieds et les mains des Polynésiens ? (...) j'entends les craintes qui ont été exprimées par les Hakaiki. Notamment au sujet de la Chine. Nous refusons de ne pas discuter avec tout le monde avec intelligence et prudence. J'entends également que l'indépendance sera imposée. Non, ça n'arrivera jamais. Nous sommes inscris dans un processus sous l'égide des Nations Unies... comme ce qui se passe en Kanaky, nous somme inscrits dans un processus d'autodétermination... ce sont les Polynésiens qui choisiront l'indépendance ou non ou un autre sytème avec toujours un partenariat historique avec l'Etat. Aux jeunes du fenua : vous êtes l'avenir de ce pays. Il faut que vous soyez fiers d'être Polynésiens. Que vous ayez envie de bâtir ce pays, à charge pour nous de faire ce qu'il faut pour ce pays pour que vous y trouviez votre voie"(...) "Il nous faut aussi tout faire pour mettre en place des écoles pour notre langue sans exclusion des autres communautés"

Ecoutez l'intégralité de son discours:

Le Scrutin

A 11h30, Benoit Kautai retire sa candidature, il n'y a donc plus que 3 candidats. Et c'est Moetai Bortherson qui sort vainqueur avec 38 voix, 16 pour Edouard Fritch et 3 voix pour Nicole Sanquer.

Réactions

Ecoutez Oscar Temaru après l'élection de Moetai Brotherson :

Ecoutez Moetai Brotherson après son élection :