Rétrospective: les événements politiques de 2013 en Nouvelle-Calédonie

Retour sur tous les événements marquants d'une année politique charnière avec ses "affaires", ses moments forts avec notamment les commémorations d'Ouvéa et les divisions qui ont bousculé le camp non indépendantiste de Nouvelle-Calédonie.
Quel climat politique et institutionnel ? Comment l’échiquier politique notamment dans le camp pour la France s’est-il redessinné ?
A la veille de la sacro-sainte date butoir, ou en tout cas déterminante de 2014, qu'en est t-il de l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Cette année 2013 a-t-elle permis d’éclaircir l’horizon à ce sujet ?
 
A l’évidence non, mais pour autant une étape importante a été franchie, celle de l’ouverture du débat, sinon serein en tout cas relativement décomplexé, grâce notamment aux travaux du Comité de pilotage animé par les experts Jean Courtial, membre du conseil d’Etat, et Ferdinand Mélin-Soucramanien, professeur de droit constitutionnel. 
Leur rapport final a ciblé quatre possibilités : la pleine souveraineté qui serait la conséquence d’un référendum de sortie gagnée par les indépendantistes. La souveraineté en partenariat avec la France, à l’image de la relation qui existe entre l’Hexagone et Monaco. 
L’Autonomie étendue,c’est la solution dite fédéraliste où l’Etat Français conserverait uniquement les compétences régaliennes, mais où la nationalité Françaises et du même coup la prépondérance suprême de la Constitution française seraient sanctuarisées. 
Reste ensuite l’autonomie pérennisée, en clair, le statut quo autrement dit le schéma actuel gravé dans le marbre. 
 
Alors "solution consensuelle" pour le Rassemblement-Ump, " référendum éclairé " du côté de Calédonie Ensemble ou encore " assemblée constituante" émanant du président de l’UC, les propositions ont fuséesde tout bord.
Mais ni la visite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ni la bonne tenue du Comité des signataires d’octobre dernier n’ont permis de dégager les conditions d’une alternative crédible au référendum dit "couperet" prévu par l’Accord de Nouméa.
Et si le cœur des Calédoniens a été souvent sondé cette année - sur la confiance qu’ils accordaient aux uns et aux autres, sur leurs préoccupations – il semblerait qu’aucun commanditaire ne se soit risqué à poser "LA" question : êtes-vous pour ou contre l’indépendance…
 

2013, une année anniversaire marquée par de nombreuses commémorations…

 
A commencer par les 25 ans de la tragédie d’Ouvéa. Des célébrations, celles du 22 avril et du 5 mai,  particulièrement solennelles, émouvantes et empreintes d’un réel esprit de réconciliation, symbolisé notamment par la présence du Comité du 22 avril lors des commémorations du 5 mai.
Mais pas seulement, les déclarations de l’ensemble de la classe politique calédonienne et de l’Etat français -  par la voix du haut-commissaire et du premier ministre Jean-Marc Ayrault – ont acté du chemin parcouru par la Calédonie sur la voie de la maturité politique ces deux dernières décennies. 
 
Un visage de raison sinon d’union affiché aussi lors du colloque à Paris sur les 25 ans des accords de Matignon-Oudinot et des quinze ans de l’Accord de Nouméa…  Un passé digéré, assumé et qui engage chacun pour un même avenir.
Cette même hauteur que l’on a pu observer lors des disparitions de deux grandes figues de chacun des deux camps : l’ancien sénateur Dick Ukeiwé et l’ancien président de la province nord, Léopold Jorédié.
 
 

Reste que 2013 ne fera pas exception, marquée par son lot d’affrontement et de polémiques …

 
L’affaire Boiteux, du nom de la directrice des services fiscaux démise de ses fonctions par le président du gouvernement, restera comme l’un des feuilletons les plus médiatiques de l’année. Avec – toute proportion gardée - des perdants et des gagnants : l’image de Sonia Backès et dans son sillage celle d’Harold Martin ont pu être quelque peu écornées, d’autant plus que le tribunal administratif a tranché en faveur de la fonctionnaire, estimant la sanction disproportionnée.
Une aubaine pour l’Union Calédonienne mais aussi et peut-être surtout pour Calédonie Ensemble, qui a eu là beau jeu de conduire le front d’opposition au nom de la transparence.  
Autre dossier brûlant, celui des listes électorales,1 300 électeurs inscrits sur la liste spéciale et sommés de justifier devant la justice de leur légitimité à y figurer.  Trois membres du FLNKS sont à l’origine de la manœuvre et Rock Wamytan, le président du Congrès demande à l’ONU d’arbitrer le litige, l’affaire est loin d’être terminée. 
 
Plus globalement, les contours de l’échiquier politique ont été bousculés. La logique de coalition "trans-bloc" n’aura pas survécu à la proximité des élections. Et alors que le camp indépendantiste scelle - non sans anicroche – sa démarche unitaire y compris dans le Nord et les Îles, le camp pro-français, a lui parfait sa division, incapable de se rassembler pour conserver la présidence du Congrès et accueillant en son sein un petit nouveau : le Mouvement Populaire Calédonien, créé en avril par Gaël Yanno et Sonia Backès, fraîchement débarqués du Rassemblement-UMP. Et si les tentatives de rassemblement anti-indépendantiste ("Front pour l’unité ", "Union pour la Calédonie dans la France ") prennent corps dans le Nord, où le Rassemblement-UMP soutient la candidature de Gérard Poadja, elles semblent trop concurrentes et parcellaires dans le Sud pour atténuer les dissensions.
La bataille fratricide entre Gaël Yanno, Jean-Claude Briault et Sonia Lagarde pour la mairie de Nouméa en est probablement la plus éloquente illustration. ..