Depuis une dizaine d'années, une drogue de synthèse, communément appelée "ice", déferle sur toute la région du Pacifique.
Le weekend dernier, près de trois tonnes de drogues de synthèse, dont 849 kilos de métamphétamines, étaient interceptées en Australie. La saisie, présentée comme la seconde plus grosse saisie de l’histoire du pays, a fait grand bruit.
Si l’ectasy semble d'une manière générale quelque peu en diminution, tant en termes de production que de consommation, une autre drogue dite de synthèse - c’est à dire entièrement produite par l’homme, au contraire de drogues comme la cocaïne - s’est imposée ces dernières années dans toute la région du Pacifique.
Qu’est-ce que l’ICE ?
Pervitine en République tchèque, yaa baa en Asie du Sud-Est, crystal meth, crystal glass, chicken feed, crack mexicain… La liste des surnoms est longue pour le "médicament qui rend fou", cette poudre blanche et cristalline sans odeur et au goût amer, plus communément désignée sous le nom de "ice".
Produit aussi addictif que dangereux, il s’agit d’un dérivé de la méthamphétamine, qui peut être fumé, sniffé ou injecté. La poudre peut aussi être compressée sous forme de comprimés. Les effets sont extrêmement puissants et beaucoup de consommateurs rapportent être devenus très rapidement dépendants, parfois dès la première prise.
La drogue de synthèse « la plus violente du moment »
Dans les années 2000, on parlait déjà de "drogue de synthèse la plus violente du moment". En 2008, lors de la conférence annuelle de l'Association des chefs de police, des policiers micronésiens révélaient que l’ice était devenue la drogue de prédilection en Micronésie.
Une seule bouffée suffit pour procurer ce qu’on appelle le « flash », c’est à dire un sentiment d’euphorie, associé à une forte excitation sexuelle. Cet état peut durer plus de huit heures. S’ensuit alors la « descente », avec anxiété, hallucinations, paranoïa, voir même des envies de suicide.
A long terme, un usage régulier peut souvent se révéler dévastateur : altération de la circulation sanguine et du rythme cardiaque, troubles cardio-vasculaires, lésions irréversibles des organes comme les reins ou le foie, lésions cérébrales, etc.
Une drogue née au Japon
Si on entend beaucoup parler de cette drogue depuis une dizaine d’années, celle-ci n’est cependant pas une invention récente. C’est au Japon qu’elle est la plus populaire. Les premiers laboratoires clandestins la fabriquent là-bas dès les années 1920. Aujourd’hui, elle demeure la drogue la plus consommée dans ce pays, signalée par la police japonaise dans près de 3 cas d'abus de drogue sur 4.
Aux Etats-Unis, l'ice fait son apparition à la fin des années 1990, où elle devient rapidement populaire. Selon le Département de la santé américain, environ 1% de la population américaine âgée de plus de 12 ans en consommerait régulièrement.
La popularité de cette drogue de synthèse est surtout basée sur son prix - un sixième environ du prix de la cocaïne - et la puissance de ses effets. D’après le bureau des drogues et de la criminalité de l’ONU, le nombre mondial de consommateurs dépasserait les 24 millions.
En Asie du Sud-Est, elle s’est aussi beaucoup répandue, notamment en Thaïlande, auprès des travailleurs du sexe, soumis à des horaires à la chaîne et qui la consomment pour tenir le coup physiquement.
Explosion du trafic et de la consommation dans le Pacifique
Ces dernières années, l’ice a littéralement submergé la région du Pacifique. En Australie et en Nouvelle-Zélande, les saisies ont explosé d’une année à l’autre.
L'adjoint au Commissaire de Police de Victoria, Graham Ashton, évoquant les problèmes de gangs liés au trafic de l’ice, déclarait au mois d’avril au quotidien national The Herald Sun : « Il est clair que la jeunesse rurale toute entière court un risque, qui menace la future prospérité de ces communautés ».
En Polynésie aussi, les affaires de trafic et de laboratoires clandestins locaux font régulièrement la une des journées depuis plusieurs années.
Ainsi, tout récemment, la cour de Papeete a jugé plusieurs personnes dans le cadre d’un trafic d’ice, en provenance du Mexique. Le principal prévu a écopé de dix ans de prison et cinq ans d’interdiction de séjour.
Retrouvez le reportage en images de Polynésie 1ère :
L’aéroport de Faa'a s’est même équipé au mois d’octobre dernier d’une machine à dépister l’ice. Cette machine, dont il existe environ 5.000 modèles dans le monde, détecte des particules de l'ordre de quelques microns. Elle s’avérait nécessaire car l’ice est le seul stupéfiant à ne pouvoir être détecté par les chiens des douanes.
Et en Nouvelle-Calédonie ?
Si l’ampleur du phénomène semble de moindre intensité en Nouvelle-Calédonie par rapport aux autre pays du Pacifique, et qu'aucune saisie d'ice n'a encore répertoriée par les services de sécurité du pays, le Caillou n’est pas totalement épargné par le phénomène du trafic de drogues de synthèse.
Ici, les trafiquants passent souvent par le biais de commandes en ligne. Ainsi, il y a à peine plus d’un an, fin 2013, deux frères étaient interpellés en Nouvelle-Calédonie après avoir importé de Slovaquie plus d’un kilo de 4-MEC, une autre drogue de synthèse, dont les effets sont proches de l’ectasy. La drogue était arrivé par dans des colis postaux.
Retrouvez le reportage en images de Sheima Riahi et Maurice Segu pour NC1ère :