La journée "justice morte" suivie par les avocats de Nouvelle-Calédonie

Tribunal de Nouméa
Une majorité des avocats du barreau de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, participe mercredi à la journée "justice morte", afin de protester contre le projet de loi Macron. Pour une partie de la profession, la loi porte atteinte aux valeurs du métier d'avocat. 
Pas de garde à vue ni d’audience à Nouméa mercredi. Une très grande majorité des 110 avocats du barreau de Nouméa est en effet en grève. 
 
Mercredi matin, une soixantaine d’entre eux se sont réunis vers 8h30 sur les marches du Palais de justice, le temps d’une minute silencieuse. Ils entendaient ainsi relayer le mouvement national « justice morte », pour protester contre le projet de loi Macron, qui vise à réglementer la profession. 
 
« Les avocats du Barreau de Nouméa ont voté vendredi en assemblée générale la grève totale des audiences, des permanences de garde à vue et d’une manière générale de toutes les interventions des avocats », explique Sophie Briand, Bâtonnier de Nouméa.
 
Ecoutez les propos de Sophie Briand, recueillis par Jean-Paul Treuil pour NC1ère : 

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Souvent présentée comme « une loi fourre-tout », la loi Macron doit être présentée mercredi à Paris en Conseil des ministres. Celle-ci touche des secteurs d’activité très variés : elle doit par exemple augmenter le nombre d’ouvertures dominicales des commerces, passant de 5 aujourd’hui à 12 ou mettre fin à certaines retraites chapeaux dont les montants sont jugés excessifs. Si beaucoup se montrent assez hostiles à ces réformes, c’est chez les professions juridiques que la pilule passe le moins bien. 
 
Le projet de loi prévoit notamment de libéraliser l'installation des nouveaux arrivants chez les huissiers, notaires et commissaires-priseurs, de bouleverser les grilles tarifaires ou de permettre l'ouverture du capital des sociétés à d'autres professions, y compris chez les avocats.
 
Du côté des avocats, la profession se déchire sur la question de la création du statut d'avocat en entreprise. Aujourd’hui, une entreprise peut salarier un juriste, mais pas un avocat. En métropole, les avocats de province craignent de voir apparaître une concurrence qui conduirait à la disparition des petits cabinets de province. 
 
Les avocats calédoniens, comme leurs confrères métropolitains, estiment aussi que le projet de loi porte atteinte à la déontologie de leur profession et aux valeurs de leur métier, comme le secret professionnel ou l’indépendance. 
 
« Nous avons des revendications particulières qui sont de protéger notre secret professionnel et notre indépendance », explique Sophie Briand. « Nous considérons que la loi Macron met en cause ces deux principes essentiels de notre profession ». 
 
Ecoutez les propos de Sophie Briand, recueillis par Catherine Léhé pour NC1ère : 

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