Pour le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, Gaël Yanno, la position de l'Etat sur le dossier calédonien, jugée "impartiale", a "ressoudé" les non-indépendantistes. Mais Cynthia Ligeard, du Rassemblement UMP, exprime encore de vives critiques à l'encontre de Calédonie Ensemble.
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Ce vendredi 24 avril, de nombreux Calédoniens sont attendus devant les grilles du Haut-Commissariat de la Nouvelle-Calédonie, pour manifester leur volonté de rester dans la France.
Pour le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, Gaël Yanno, la cohésion entre tous les loyalistes du pays sur la question du devenir institutionnel du territoire est « capitale ». Selon lui, le gouvernement français, par sa position partiale sur la question de l’avenir du Caillou, a contribué au « ressoudé » les forces non-indépendantistes.
« On peut attendre plus de 10.000 personnes devant le Haut-commissariat », a-t-il déclaré mercredi sur le plateau de l’émission « Opinions » de La 1ère.
« L’indépendance créera les conditions d’un appauvrissement général pour l’ensemble de la population et d’une dégradation très forte de qualité de service public », a-t-il poursuivi.
Concernant la lise électorale pour le référendum de sortie, Gaël Yanno prône le rétablissement de l’égalité entre les natifs kanak et non-kanak. « Nous essayons de créer une communauté de destin depuis 27 ans. On ne peut pas traiter différemment les natifs kanak et les natifs non-kanak, pour ce référendum de 2018 » explique-t-il. Il se dit convaincu que Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, qui sera en visite en Nouvelle-Calédonie, « fera des annonces en ce sens ».
Retrouvez l’intégralité du débat « Opinions », animé par David Ponchelet et William Kromwel pour La 1ère :
Si Gaël Yanno parle de rapports « ressoudés » entre les formations non-indépendantistes, le son de cloche du côté du Rassemblement UMP et de Calédonie Ensemble est différent. Entre les deux formations, les invectives sont rudes.
Invité de la matinale radio sur NC1ère, Cynthia Ligeard, vice-présidente du Rassemblement UMP, a d’abord critiqué la position de l’Etat sur le dossier calédonien.
« Ces dernières semaines, on a eu plusieurs occasions de dénoncer la connivence de l’Etat en direction d’une indépendance pour la Nouvelle-Calédonie », a-t-elle déclaré. « Par exemple, quand l’Etat refuse très clairement de prendre en compte l’expression unanime des loyalistes au Congrès pour la modification de la loi organique, s’agissant de l’inscription automatique des natifs sur les listes électorales, qu’est-ce que ça veut dire ? ».
« Ils veulent peut-être donner l’occasion au député Philippe Gomès de monter à la tribune au moment où le texte passera à l’Assemblée nationale pour lui donner gain de cause, de façon à ce qu’il puisse redorer son blason du côté loyaliste » a ajouté l’ancienne président du gouvernement.
Pour Cynthia Ligeard, le parti de Philippe Gomès est un relais de la politique du gouvernement français. « Ce qui se passe avec les manoeuvres du camp socialiste, relayées ici avec la complicité des dirigeants de Calédonie Ensemble, c’est qu’on est dans un engrenage indépendantiste dont même les indépendantistes n’osaient pas rêver il y a quelques semaines », a-t-elle poursuivi.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Cynthia Liegard, interrogée par Angélique Souche pour NC1ère La Radio :
Calédonie Ensemble a tenu à réagir aux propos de Cynthia Ligeard sur l’antenne de NC1ère La Radio. Interrogée sur la présence d’élus de Calédonie Ensemble dans le cortège de la marche de vendredi contre l’indépendance, cette dernière avait parlé « de culot et de récupération ».
« Nous aussi, à Calédonie Ensemble, depuis toujours, on défend le projet de la Nouvelle-Calédonie largement émancipée, dans la République, inscrite dans la France », a déclaré le porte-parole de Calédonie Ensemble, Philippe Dunoyer. « Mais pour une France ouverte, tolérante et respectueuse. C’est pour ça que nous irons marcher le 24 avril ».
Les propos de Cynthia Ligeard ont été jugés « injurieux » par Calédonie Ensemble. « Madame Ligeard n’a pas le monopole de la France ! », a insisté Philippe Dunoyer.
Ecoutez l’intervention de Philippe Dunoyer au micro de Charlotte Mestre pour NC1ère la Radio :
ITW Dunoyer 230415