Après le catalogue de l'exposition kanak au musée du quai Branly, "L'art est une parole", co-écrit avec Emmanuel Kasarhérou, le spécialiste des arts d'Océanie Roger Boulay a condensé dans son livre" Casse-tête et massues kanak", le résultat de trois ans et demi de travail, concernant 20 000 pièces.
C.Risch, J.Solia (avec Isabelle Peltier) •
Les casse-tête et les massues représentent près d'un tiers des collections répertoriées. Après le catalogue de l'exposition kanak "l'art est une parole", le spécialiste des arts d'Océanie Roger Boulay livre en quelque sorte, avec sa dernière publication, un complément d'inventaire et d'information. Les massues et casse-tête représentaient les attributs du guerrier, mais leur fonction pouvait cependant varier: "celles qui tapent font à peu près toujours le même poids; celles qui servaient à danser sont de même forme, mais pèsent moins lourd", explique Roger Boulay.
A bec d'oiseau, en forme d'étoile, de sexe d'homme ou de champignon
Les massues fabriquées dans des bois lourds - gaïac, bois de fer, kohu - étaient les plus dangereuses. "Elles sont quasiment toujours de même taille et de même poids", précise Roger Boulay : "75 centimètres de long, 10 centimètres de poignet, et 1,5 kilo. Se manipulaient-elles avec une, ou deux mains? Cette question n'a pas encore été élucidée". Le musée de Nouméa présente une douzaine de ces objets; d'autres, dorment dans les tiroirs. Casse-tête à bec d'oiseau; phallomorphes, exaltant la virilité de leur propriétaire; en forme d'étoile; fongiforme - comme le chapeau d'un champignon; plus rare: une massue à quatre tétons, témoignage de l'originalité d'un guerrier... Ces massues sont aujourd'hui à l'état brut, sans leurs ornements végétaux d'origine, poils de roussettes, fragments de nattes ou de tissus.
Porteurs de magie
Casse-tête et massues étaient porteurs de magie. "Leur pouvoir était souvent représenté par des plantes, attachées au manche", éclaire Roger Boulay. La différence entre massue et casse-tête? "On appelle massue un objet dont le point de percussion est dans l'axe du manche; et casse-tête, un objet dont le point de percussion est décalé par rapport à cet axe". L'origine de la dominance, en nombre, de ces armes dans les collections kanak, Roger Boulay la voit dans les choix des militaires qui, au XIXè siècle, s'y sont plus particulièrement intéressés. Parmi les premiers amateurs : James Cook, et d'Entrecasteaux... Certains casse-tête et massues, plus récents, sont ornés de fer, car "des lames de fer ont été échangées avec les premiers marins, et emmanchées sur des massues plus anciennes".
Les pérégrinations de Roger Boulay l'ont emmené dans une cinquantaine de musées. Il livre mercredi au gouvernement, le résultat de ses travaux d'inventaire, qui ont duré trois ans et demi et concernent 20 000 pièces. Il dédicacera son ouvrage, "Casse-tête et massues kanak", dans une librairie de la place, le 22 juillet.