En Australie, la gestion des cendres de charbon ne fait pas l'unanimité

En Australie, on s'éclaire au charbon: 75% de l'électricité est produite à partir de cet autre or noir. C'est l'un des records mondiaux. Et c'est normal, car l'Australie regorge de gisements de houille... Mais la gestion des cendres issues de la combustion du charbon ne fait pas l'unanimité.

En plusieurs décennies, la trentaine de centrales thermiques du pays ont accumulé 400 millions de tonnes de déchets - les cendres issues de la combustion du charbon. La gestion de ces déchets ne fait pas l'unanimité. Mariann Lloyd-Smith est la coordinatrice du Réseau national australien sur les substances toxiques. Elle confirme le rapport publié par deux ONG américaines en 2010: Physicians For Social Responsibility - un réseau de médecins toxicologues ; et Earth justice - spécialisée dans les aspects juridiques de la santé publique et de l'environnement.
 

Les métaux contenus dans les cendres de charbon peuvent provoquer des cancers, des infarctus, et des maladies respiratoires

Selon eux, les métaux contenus dans les cendres de charbon peuvent provoquer, entre autres, des cancers, des infarctus et des maladies respiratoires. Et, souligne Mariann Lloyd-Smith: « Les cendres non retraitées sont une source de contamination radioactive ».  On trouve en effet de l'uranium et du thorium dans les cendres. Mais la radioactivité des cendres est anecdotique, selon les scientifiques du Laboratoire américain d'Oak Ridge, aux États-Unis, qui affirment que  « les riverains d'une centrale au charbon sont exposés à 1.9 millirem par an. Alors que chaque être humain est exposé en moyenne à 360 millirems par an, à cause de la radioactivité de la croûte terrestre, des détecteurs de fumée, et des déchets des essais nucléaires ». 
 

Les industriels australiens estiment maîtriser les risques

En Australie, les industriels estiment qu'ils maîtrisent les risques. Craig Heidrich est le coordinateur de l'association du développement du recyclage des cendres de charbon: « Toutes les particules fines sont potentiellement dangereuses quand elles sont inhalées. Mais beaucoup d'études montrent que ces substances ne représentent qu'un risque très bas ou nul, parce que nous prenons les mesures nécessaires ». Pourtant, dans la pratique, les industriels ne seraient pas toujours aussi prudents qu'ils le devraient, dénonce Mariann Lloyd-Smith. 45% des cendres issues des centrales thermiques sont recyclées, pour produire du béton.
Et les 65% restants sont enterrés: « les producteurs d'électricité stockent les cendres dans des bassins de rétention, elles sont recouvertes d'une sorte de boue. Puis quand le bassin sature, ils enfouissent les cendres. Et souvent, le bassin n'est pas tapissé d'un revêtement isolant et donc il doit y avoir une contamination des nappes phréatiques et des sols ».  Il n'y a pas eu de catastrophe environnementale en Australie, mais en revanche aux États-Unis, en 2013, les digues du bassin de rétention des cendres d'une centrale thermique de Caroline du Nord ont cédé, entraînant la pollution de la rivière voisine à l'arsenic. 
 
 

À Melbourne, le reportage de la correspondante de NC1ère Caroline Lafargue, ABC Radio Australie


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