Rouleurs. Que retenir après cette 15e journée de mobilisation ?

Les institutions se renvoient la patate chaude de la résolution du conflit. Le syndicat des exportateurs prend lui enfin la parole. 

Qui doit gérer la sortie de crise ?

 
+ Pour le président du gouvernement Philippe Germain, seul le Congrès est compétent pour se prononcer sur les exportations de latérites vers la Chine. 
Le groupe Calédonie Ensemble au Congrès, via Philippe Dunoyer, explique comment et pourquoi cette institution pourrait débloquer la situation :
"C'est lui qui est compétent par la loi organique pour définir et potentiellement modifier les règles qu'il veut fixer en matière minière et métallurgique. C'est lui qui est légitime puisque les 54 élus sont issus des votes de tous les calédoniens aux dernières Provinciales. Il faut que le Congrès s'exprime, fixe un cadre général pour travailler sur la stratégie minière métallurgique à moyen et long terme. Il doit traiter spécifiquement la question des exportations puisque c'est l'urgence. Et il doit fixer des orientations ou un cadre à celui ou ceux qui seront mandatés pour aller traiter la fin du conflit avec les rouleurs. Tout le conflit tourne autour d'une interprétation du schéma minier adopté par le Congrès en 2009 et de la future stratégie que le Congrès devra élaborer dans le futur".

+ Le président du Congrès Thierry Santa, issu du mouvement des Républicains, affirme lui qu’il n’y a pas de majorité pour convoquer une séance extraordinaire et traiter cette question. Il en appelle à l’Etat, via le GTPS pour régler ce dossier. "Réglementairement, la demande déposée par Calédonie Ensemble pour la tenue d'une séance extraordinaire du Congrès ne respecte pas les conditions pour qu'elle soit organisée. Il faut que la majorité des membres du Congrès la formule. Or le groupe Calédonie Ensemble est composé de 16 membres. Il n'y a donc que 16 signatures alors qu'il en faudrait 28. Même si les choses évoluent dans les heures ou les jours qui viennent, je ne pourrais organiser une session extrardinaire qu'au plus tôt, le 31 août prochain, à l'issue de la session ordinaire de l'institution qui est en cours. C'est aussi dans les textes réglementaires du Congrès". 

 

 

Les exportations vers la Chine sont-elles indispensables ?

+ La population l’aura compris : ce sont les demandes d'autorisation d’exportations de minerais à faible teneur qui sont à l’origine du conflit. Dans une lettre ouverte aux calédoniens, Philippe Germain, le président du gouvernement rappelle que les nouvelles demandes vers la Chine et le Japon porteraient les exportations de minerai brut à près de 8,8 millions de tonnes, contre 5,4 millions aujourd’hui. Le chef de l’exécutif explique que le schéma minier adopté par le Congrès en 2009 prévoit de limiter les exportations aux clients traditionnels. Et pour des quantités de 4 millions de tonnes par an.
 
+ Le syndicat des exportateurs de minerai de nickel, lui, se dit ouvert au dialogue pour sortir de la crise et favorable au maintien des partenariats traditionnels, tout en permettant la diversification des débouchés commerciaux pour sécuriser les volumes.
Interrogé par NC1ère Radio, Louis Ballande, le président de la société des mines de Tontouta explique qu'il y a un double intérêt à vouloir exporter en Chine et au Japon :
"Le premier intérêt c'est de compenser ce que l'Australie ne prendra plus. Le deuxième, c'est d'avoir une diversité de débouchés pour des latérites et des minerais pauvres qui ne sont pas transformables localement. C'est une façon de sécuriser une valorisation. Il est bien clair que si vous n'avez qu'un seul client donc une situation de monopole, les conditions de discussions commerciales sont beaucoup plus compliquées. Tout le monde a le souci de garantir l'emploi. Aujourd'hui nous sommes bien dans la préoccupation de maintenir un outil de travail productif sur la côte Est avec la possibilité des minerais qui ne sont pas aujourd'hui transformables localement car leur qualités sont secondaires". 

Pour Louis Ballande, le conflit actuel résulte également d'une volonté de rééquilibrer les choses en matière d'exportation :
"La SMSP avait obtenu en 2011 des autorisations d'exporter vers la Chine, une demande jugée à l'époque conforme aux disposition du schéma de mise en valeur des richesses minières voté en 2009. Là, un certain nombre de mineurs demandent à pouvoir exporter à leur tour vers la Chine parce qu'ils constatent qu'il y a effectivement une réduction significative des exportations de minerais vers l'Australie. C'est une demande vraisemblablement de compensation (...) En ce qui nous concerne, à savoir les exportations sur le Japon qui est un client traditionnel, nos demandes s'inscrivent dans le cadre du schéma. Mais nous avons été dernièrement réduit par le gouvernement à exporter 500 000 tonnes au lieu de 575 000. En tonnage de nickel contenu, cela revient à nous réduire de 25% puisque nous avions l'équivalent de 10 000 tonnes de nickel métal alors qu'aujourd'hui nous sommes réduits à 7500 tonnes. Pour nous, c'est une réduction importante des volumes que nous pouvons exporter".