Climat : la position contradictoire du nouveau Premier ministre australien

Le nouveau Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, au Parlement.
Malcolm Turnbull va-t-il revoir la politique du parti libéral concernant le changement climatique et la légalisation du mariage homosexuel ? Ça fait partie des toutes premières questions posées lundi soir au nouveau Premier ministre australien.
Malcolm Turnbull va-t-il revoir la politique du parti libéral concernant le changement climatique et la légalisation du mariage homosexuel ? Ça fait partie des toutes premières questions posées lundi soir au nouveau Premier ministre australien.
 
Car sur ces deux sujets, l'ancien ministre des Communications n'a jamais caché être en désaccord avec celui qui était alors à la tête du pays, Tony Abbott. Voici ce qu'il disait en 2011 du plan d'action directe, le système de réduction des émissions mis en place par le gouvernement Abbott :
 
"Si vous voulez adopter une méthode de réduction des émissions de carbone à long terme, une méthode ambitieuse qui corresponde à ce que les scientifiques recommandent si l'on veut éviter un changement climatique dangereux, alors un plan d'action directe où le gouvernement, où les industries sont libres de polluer gratuitement, en quelque sorte, et où le gouvernement dépense de plus en plus d'argent public en compensation, ce plan ferait peser un lourd tribut sur le budget dans les années à venir."
 
Quatre ans plus tard, Malcolm Turnbull Premier ministre défend ce plan d'action directe :
 
"Comme le ministre de l'Environnement l'a montré, il permet de réduire les émissions à un coût minime."
 
L'opposition s'est fait un plaisir, au Parlement, de souligner le paradoxe. Le chef de file des travaillistes, Bill Shorten, avait pris soin de compiler une série de déclarations du ministre Turnbull critiquant la politique climatique de Tony Abbott :
 
"'Je ne dirigerai pas un parti qui ne s'engage pas autant que moi à lutter efficacement contre le changement climatique.' Est-ce que ce n'est pas exactement ce que le Premier ministre est en train de faire avec le plan d'action directe du gouvernement, et est-ce que le Premier ministre a bradé ses principes pour assouvir son ambition personnelle ?"
 
Des questions auxquelles le nouveau Premier ministre a préféré ne pas répondre. Il lui sera difficile d'y échapper, cependant, ces prochaines semaines. Les pays de la région sont déterminés à maintenir leur pression sur l'Australie pour que le pays s'engage, lors de la COP 21 à Paris, à faire davantage d'efforts. Le Premier ministre de Tuvalu, Enele Sopoaga, donne ainsi rendez-vous à Malcolm Turnbull la semaine prochaine à New York :
 
"Je suis réconforté par ce changement à la tête de l'Australie. On sait que Malcolm Turnbull est plus progressiste sur ces questions et j'espère vraiment que, malgré le peu de temps qui reste avant la conférence de Paris, il fera preuve d'un leadership solide sur le changement climatique. C'est ce que je souhaite de tout mon cœur. Et je veux l'inviter à travailler avec nous, à saisir l'opportunité de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations unies, la semaine prochaine, pour qu'on en discute et que l'on se rende à Paris en étant solidaires."
 
Un appel lancé aussi par les jeunes Australiens à travers leur principale plateforme, Oaktree.