+40% : c'est l'augmentation du nombre d'armes à feu enregistrées ces 14 dernières années en Nouvelle-Galles-du-Sud. Plus de 850 000 armes sont aujourd'hui entre les mains de particuliers dans l'État le plus peuplé d'Australie...
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Le pays est pourtant réputé pour avoir les lois parmi les plus restrictives au monde... Chaque État a ses propres lois, mais il y a des principes nationaux à respecter. Peu importe où l'on vit en Australie, obtenir le droit d'avoir une arme à feu est un processus long et compliqué, rapporte Samara McPhedran, chercheuse dans les domaines de la violence, de la prévention et spécialiste des lois sur les armes à feu au sein de l'université Griffith : « Toutes les juridictions exigent que les gens se soumettent à une vérification de leurs antécédents judiciaires - si quelqu'un a des antécédents criminels, il ne pourra pas acquérir d'arme. Ils doivent aussi prouver qu'ils ont une bonne raison de vouloir posséder une arme à feu : tir sur cible, chasse, agriculture. L'autodéfense ne fait pas partie des raisons considérées comme valables. »
Le massacre de Port Arthur
Ces lois très strictes ont été mises en place après le massacre de Port Arthur, en 1996 : 35 personnes avaient été tuées et 23 autres blessées par un homme de 28 ans. Depuis, aucune tuerie n'a eu lieu. La prise d'otages de Sydney, en décembre dernier, a rouvert le débat sur les armes à feu. Certains estiment que les lois sont trop restrictives, d'autres pas assez… Y a-t-il un lobby qui cherche à obtenir l'assouplissement des règles ? Non, affirme la chercheuse Samara McPhedran : « Je ne pense pas que de parler d'un lobby des armes à feu soit vraiment utile. Malheureusement, c'est très difficile d'avoir un débat objectif et éclairé sur ce sujet, ça a tendance à être polarisé. La plupart du temps, le débat est rapidement arrêté parce que quiconque remet en question notre approche actuelle est décrit comme un lobbyist pro-armes à feu. C'est dommage, parce que pour avoir une politique efficace, il faut considérer les arguments en fonction de leurs mérites et non de qui les formule. Je pense que l'Australie a besoin d'avoir une discussion mature sur cette question. L'objectif devrait être d'avoir une bonne politique et ça ne pourra pas se faire dans un contexte où c'est l'émotion qui prime. »
« On peut faire mieux »
Les lois australiennes sont-elles en fait trop restrictives ? Depuis l'adoption de nouvelles lois en 1996, le pays a vu son taux d'homicide diminuer de moitié, à 1,4 homicide par armes à feu par an pour un million d'habitants - pour comparaison, il y en a 29,7 aux États-Unis. Samara McPhedran : « Sur certains aspects, je pense qu'on a les bonnes lois, notamment en ce qui concerne l'octroi de permis, on a un système qui nous permet d'empêcher les personnes dangereuses de posséder des armes à feu. Mais d'autres aspects de ces lois ne sont pas fondés sur des données probantes. Si vous regardez ce qui se passe au Canada et en Nouvelle-Zélande, vous voyez que les taux d'homicide par armes à feu sont très bas, comme ici, mais leur approche est différente, ils autorisent l'acquisition d'armes semi-automatiques, par exemple. C'est un sujet bien plus complexe que les gens ne l'imaginent, en général, et il y a toujours possibilité de faire mieux. »
Les criminels n'ont aucun mal à se procurer des armes
Le vrai risque, pour la chercheuse Samara McPhedran, ce n'est pas que les lois évoluent, soient assouplies ou renforcées, mais c'est le marché noir. La plupart des armes qui circulent en Australie viennent de l'étranger, il n'y a pas de grandes usines de fabrication dans le pays. Comme le reste, les importations sont évidemment très contrôlées. En revanche, les autorités ont du mal à contrôler le secteur parallèle : « Si vous êtes un criminel et que vous voulez posséder une arme à feu, c'est très facile. Malheureusement, il semble qu'ils n'aient aucun mal à avoir accès à tous types d'armes à feu - on voit souvent la police récupérer des armes militaires semi-automatiques ou même complètement automatiques chez des membres de gangs, par exemple. Personne ne sait vraiment d'où viennent ces armes - importation illégale, détournement d'armes du marché légal, fabrication illégale… »