Australie : La rétention des migrants à l'étranger est-elle légale ?

Centre de rétention à Nauru
La Haute Cour australienne a débuté l'examen de la plainte d'une demandeuse d'asile originaire du Bangladesh, qui risque d'être transférée à Nauru. Plusieurs migrants tentent de prouver que leur internement à l'étranger est illégal.
Le gouvernement australien est sur la sellette. La Haute Cour australienne a débuté mercredi l'examen de la plainte d'une demandeuse d'asile. Cette femme originaire du Bangladesh a du être transférée de Nauru en Australie, car elle était enceinte, avait des complications et nécessitait des soins appropriés. Maintenant qu'elle va mieux, elle risque d'être renvoyée à Nauru.
 
Il y a actuellement plus de 200 recours de migrants auprès de la Haute Cour. Tous ont le même objectif, prouver que leur internement à l'étranger est illégal, afin d'éviter leur renvoi sur Nauru après avoir été soignés en Australie.
 
Le cas de cette femme Bangladeshi est un peu différent. Car ses avocats exploitent un argument inédit. En effet, le gouvernement australien n'a pas demandé l'approbation du Parlement quand il a décidé de financer les centres de rétention à Nauru et à Manus.
 
Une erreur qui pourrait pousser les juges de la Haute Cour à déclarer l'inconstitutionnalité de l'internement des migrants, ce qui conduirait à la fermeture des centres de rétention à Manus et Nauru. Il y a un précédent: la Haute Cour (la plus haute juridiction du pays) a déjà condamné le gouvernement pour avoir débloqué un budget sans le feu vert du Parlement, par le passé, dans une toute autre affaire qui ne concernait pas la politique de l'immigration.  
 
Le verdict de la Haute Cour sera connu au plus tôt jeudi. Mais même si les juges confirment que la rétention des migrants à l'étranger est illégale, le problème reste entier: Nauru va libérer les 600 migrants du centre de rétention d'ici la fin de la semaine prochaine. Que vont-ils devenir ensuite?
 
D'après le ministère australien de l'Immigration, trois options s'offrent à eux. Ils peuvent accepter de retourner dans leur pays d'origine, fût-il l'Irak ou la Syrie ; ou partir au Cambodge. Mais pour le moment seuls 4 réfugiés libérés du centre de Nauru se sont portés volontaires pour refaire leur vie au Cambodge. Les autres, quelques dizaines, restent sur Nauru. Ils ont reçu un visa de 5 ans.
 
Graeme Mc Gregor, responsable de la campagne pour les réfugiés à Amnesty International Australia :
 
"Ce qu'il y a de sûr, c'est que dès le départ, le gouvernement nauruan a toujours dit qu'il n'accueillerait pas ces réfugiés de manière permanente. Il donne à ces réfugiés un visa de 5 ans, pas plus. Mais on n'a jamais su où ils iront après ces 5 années."
 
Hier Peter Dutton, le ministre de l'Immigration, a laissé entendre que d'autres pays pourraient accueillir ces réfugiés :
 
"L'Australie mène des discussions avec un certain nombre de pays tiers autres que le Cambodge, mais je n'ai pas de déclaration à faire à ce sujet."
 
Parallèlement, le gouvernement est vivement critiqué en Australie, car il n'a toujours pas donné de réponse à une réfugiée somalienne, tombée enceinte après, affirme-t-elle, avoir été violée par un Nauruan. Elle réclame son rapatriement en Australie pour y avorter.