Rapatriement controversé de déchets nucléaires de France en Australie

Le BBC Shanghaï, qui transporte les combustibles nucléaires australiens retraités par Areva à Beaumont-Hague, à 20 km de Cherbourg.
Une première cargaison de déchets nucléaires australiens traités en France a quitté le port de Cherbourg la semaine dernière pour être rapportée en Australie, à bord du BBC Shanghaï. 
L'ONG de protection de l'environnement Greenpeace a tenté d'empêcher le départ du bateau, dont la sécurité est mise en doute. Emma Gibson est l'une des porte-paroles du groupe :
 
« Le navire a été placé sur liste noire par le Département de la sécurité intérieure des États-Unis et les garde-côtes américains, et il n'est pas autorisé à transporter des marchandises pour le compte du gouvernement américain. Choisir ce bateau pour transporter du matériel très dangereux comme le sont les déchets nucléaires d'un bout du monde à l'autre, c'est donc vraiment une décision déconcertante. »
 
Des inquiétudes infondées, estime l'Agence australienne des Sciences et Technologies nucléaires. Hefin Griffiths est chargé du nucléaire au sein de l'Agence. Il assure que les déchets nucléaires ne représentent qu'un risque infime :
 
« Sans vouloir paraître complaisant à ce sujet, je suis très confiant, le niveau du risque associé à la fois au transport et au stockage des déchets radioactifs est faible. Les déchets qui sont rapportés de France représentent 50 années d'exploitation en toute sécurité du réacteur. »
 
L'Australie a envoyé quatre cargaisons de déchets nucléaires en France dans les années 1990 et 2000. S'il n'y a pas de centrale nucléaire en Australie, le pays produit des radio-isotopes pour mener des recherches médicales en utilisant le réacteur de Lucas Heights à Sydney. C'est la première fois que des déchets radioactifs sont rapatriés dans le pays. Problème: le gouvernement n'a toujours pas réussi à trouver de site où stocker ces déchets. Les 25 tonnes rapatriées de France seront donc conservées à Lucas Heights, dans un premier temps.
 
 Pour David Sweeney, de la Fondation australienne pour la conservation, c'est la meilleure option à court terme :
 
« Pendant 20 ans, en Australie, Canberra a tenté d'imposer la construction d'une usine de stockage et de retraitement des déchets nucléaires à des communautés de plus en plus réticentes et sceptiques. Ça a toujours échoué, que ce soit en Australie méridionale ou dans le Territoire du nord. Le gouvernement cherche maintenant à parvenir à ses fins en mettant en avant l'idée du volontariat, en principe. C'est en cours, et nous surveillons ça de près. On espère que l'approche sera réellement différente et meilleure cette fois. »
 
Les déchets nucléaires doivent arriver le mois prochain en Australie.