Éviter à tout prix un échec : c'est ce qui pousse la majorité et l'opposition à créer un comité chargé de préparer le référendum sur la reconnaissance des Aborigènes et indigènes du détroit de Torrès dans la constitution australienne.
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16 personnes font partie de ce comité, dont des représentants éminents des peuples aborigènes comme Patrick Dodson, Noel Pearson et Mick Gooda, mais aussi l'ancien directeur de l'AFL, la ligue de footy, Andrew Demetriou, et l'ancienne Premier de Nouvelle-Galles-du-Sud, Kristina Keneally.
Leur mission : informer et conseiller le Premier ministre, Malcolm Turnbull, et le chef de file des travaillistes, Bill Shorten, leur dire quels sont « les progrès réalisés et les étapes à franchir pour assurer une victoire du oui au référendum ».
Un travail nécessaire, estime Megan Davis, chercheuse, directrice du département droit indigène à l'université de Nouvelle-Galles-du-Sud, et membre du comité :
« Le fait que les deux partis s'unissent pour créer ce comité, c'est important, mais c'est essentiel aussi que nous ayons des désaccords et que l'on débatte de la question que l'on posera lors du référendum. Et je pense d'ailleurs que les travaillistes et le gouvernement n'ont pas la même vision des choses sur ce sujet. Le travail du comité sera d'avoir une idée de ce que les Aborigènes et ensuite de ce que les Australiens veulent comme réforme. »
La question est toujours la même : s'agit-il seulement de déclarer officiellement que les Aborigènes sont les premiers peuples d'Australie ? Ou faut-il aller plus loin et accorder davantage de droits aux peuples indigènes ?
Bill Shorten estime qu'il faut plus qu'une « déclaration symbolique ou poétique. La reconnaissance ne doit pas être seulement une somme de bonnes intentions, cela doit avoir un sens. » C'est ce que pensent la grande majorité des Aborigènes australiens, affirme Megan Davis. Une simple reconnaissance ne suffira pas, prévient la chercheuse. Mais il faudra aussi s'assurer du soutien de l'ensemble des Australiens, dans tous les États.
En bref, on semble en être toujours au même point, alors que cela fait déjà cinq ans que l'on parle de cette reconnaissance. Le processus est-il au point mort ? Voici la réponse de Megan Davis :
« Oui, je pense. Je crois que tout le monde est d'accord pour dire que c'est le cas. Il y a eu quatre tentatives différentes ces cinq dernières années et aucune n'a réussi à déboucher sur quelque chose de concret. J'imagine que ce comité est la nouvelle étape destinée à faire avancer ce processus très compliqué, très complexe, en vue d'une réforme de la constitution. »
L'ancien Premier ministre, Tony Abbott, souhaitait que les Australiens se prononcent en 2017, cinquante ans après le référendum qui a mis fin aux lois d'exception pour les Aborigènes et les a intégrés dans le recensement national. Mais de l'avis de tous, cet objectif est inatteignable tant on est loin du but. Et même si un accord devait être trouvé d'ici là sur la question à poser aux Australiens, la chercheuse Megan Davis estime que « 1967 est une grande réussite qui doit rester à part. On doit continuer à célébrer cet accomplissement à cette date et ne pas y ajouter un autre référendum. »