Le conseil d'administration d'Eramet s'est réuni dans une ambiance "grave et responsable". Eramet a confirmé son ancrage en Nouvelle-Calédonie, ainsi que son soutien financier à la SLN. L'analyse d'Alain Jeannin sur Radio NC 1ère.
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Le conseil d'administration (CA) d'Eramet, la maison mère de la SLN, était fortement attendu depuis plusieurs jours par les Calédoniens. Il s'est déroulé à Paris dans la nuit de mercredi à jeudi, heure de Nouméa, dans une ambiance "grave et responsable". L'enjeu était en effet de taille puisqu'il était question du sauvetage de la SLN.
Contrairement à ce qu'annonçait une note relayée par deux analystes américains en début de semaine, Eramet a confirmé que le groupe ne quitterait pas le territoire calédonien et ne procéderait à aucun licenciement. Les salaires seront quant à eux maintenus.
C'est sur fond de crise du nickel que s'est tenu le CA. A titre d'exemple pour la région du Pacifique, en Australie, Anglo American devrait annoncer des centaines de licenciements et QNI est toujours au bord de la faillite. Du côté de la SLN, les pertes peuvent être qualifiées de "phénomènales". On parle en effet de 70 millions de francs CFP de pertes par jour.
Les cours du nickel restent le grand défi pour l'industrie du nickel. Ils stagnent actuellement entre 8000 et 9000 dollars la tonne. Des analystes parlent d'une remontée des cours d'ici un an. Mais jusque-là, il faut tenir. C'est ce qui a conduit le CA d'Eramet à prendre des mesures d'économie. Ce dernier a ainsi acté des mesures d'économie spectaculaires, qui restent toutefois encore confidentielles. Paradoxalement, l'actuelle centrale à fioul permettrait d'économiser près de 3 milliards de franc CFP par rapport au charbon, car les cours du fioul sont actuellement très bas.
Du côté des mattes, celles-ci ne seront plus produites à terme en Calédonie, mais continueront d'être produites à Doniambo pendant encore un an. Selon des informations confidentielles, la SLN aurait déjà diminué de 15.000 tonnes en 2014 à 8.000 tonnes en 2015 sa production de mattes. Une production extrêmement coûteuse et énergivore.
Eramet a réitéré son soutien financier à la SLN. Il n'y aura pas de rupture du flux financier d'Eramet vers la Calédonie. Mais si rien n'est fait, le sort de la SLN semble compromis. Dans les prochaines semaines, une convention de trésorerie, maintenue par Eramet, devra être discutée avec Nisshin Steel, l'actionnaire japonais et avec la STCPI calédonienne.
La bonne nouvelle du marché est que les stocks mondiaux de nickel sont en forte baisse. En trois mois, ils ont ainsi diminué de 50.000 tonnes, pour tomber aujourd'hui à 390.000 tonnes dans les réserves du London Metal Exchange (LME). Mais il faudra encore attendre près d'un an pour arriver à environ 100.000, niveau qui devrait permettre aux cours de repartir.
La condition est donc qu'Eramet tienne jusque-là. Le danger est que les marchés financiers et les spéculateurs sont en train de s'acharner sur les petits groupes. Et comparées à des groupes comme Glencore, Eramet ou la SLN sont de petites entités...
ITW Jeannin 101215