André Roux, professeur de droit public à l'Institut des Sciences Politiques d'Aix-en-Provence, était l'invité du JT de NC1ère. Il revenait sur la question de la démocratie dans les pays de la Mélanésie, sujet d'un colloque qui se tenait en Nouvelle-Calédonie, à la CPS.
"Diversités de la démocratie, théorie et comparatisme : les pays de la Mélanésie". C'est le thème d'un colloque qui se tenait ces jeudi et vendredi à la Communauté du Pacifique Sud (CPS). André Roux, professeur de droit public à l'Institut des Sciences Politiques d'Aix-en-Provence et l'un des intervenants de ce colloque, était l'invité du JT de NC1ère (jeudi 17 décembre). Il répondait aux questions de Nathalie Daly au sujet de la démocratie en Mélanésie.
Une question essentielle durant ces deux jours de colloque était de savoir si la démocratie est compatible avec le système coutumier des pays de la Mélanésie.
"Un intervenant a eu une jolie formule, disant que la démocratie était une fleur exotique, inadaptée à la réalité mélanésienne", commente André Roux. "Je crois que la difficulté, c'est d'acclimater cette fleur, et il est vrai que les sociétés mélanesiennes fonctionnenent selon des règles qui ne sont pas forcément démocratiques, y compris en Calédonie".
Citant des éléments composant les systèmes sociétales de la Mélanésie, comme le patriarchat ou encore la hiérachie, André Roux souligne que la démocratie institutionnelle peut "s'imposer comme un modèle transplanté de l'Occident". "La difficulté, c'est d'arriver à combiner les deux", ajoute-t-il.
Si les récents événements font douter de la démocratie dans certaines régions de Mélanésie, comme en Papouasie-Nouvelle-Guinée, André Roux pense que "la tendance est plutôt dans le sens d'une évolution positive".
Les modèles de démocratie actuelles peuvent être perçus par certains peuples du Pacifique comme une importation des peuples colonisateurs. André Roux cite l'exemple des Fidji, des Îles Salomon ou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui ont adopté le modèle britannique, au moment de leur indépendance. "C'est un modèle qui s'est révélé inadapté", poursuit-il.
Pour lui, ces pays nécessitent de nouvelles formes de démocratie. "Il faut réinventer une forme de démocratie, adaptée à ces pays", explique André Roux. "Un modèle transposé de façon brutale, calqué sur celui des sociétés des pays occidentaux, a peu de chances de survivre".
Avec ses institutions stables, comme le Sénat coutumier par exemple, la Nouvelle-Calédonie est parmi les cinq pays de la Mélanésie le pays le plus proche d'une démocratie dite "classique". "De ce point de vue, la Nouvelle-Calédonie est en avance et peut servir aussi d'exemple à un certain nombre de pays de la région", conclut André Roux.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec André Roux, conduit par Nathalie Daly, pour NC1ère (JT de jeudi 17 décembre 2015) :