Australie: il faut un nouveau pacte entre le gouvernement et les Aborigènes

Patrick Dodson
Le constat est le même, d'année en année: le gouffre entre les premiers Australiens et leurs compatriotes se creuse toujours plus. Mis en place il y a huit ans, le programme Close the Gap, combler le fossé, est un échec. Il faut repenser entièrement la gestion des affaires indigènes.
La mortalité infantile a reculé et il y a plus de jeunes Aborigènes qui valident leur dernière année de lycée, mais l'espérance de vie des premiers Australiens reste bien inférieure à celle de leurs compatriotes, le taux de chômage est plus élevé et le taux d'alphabétisation est en recul. 

Avant d'être un programme gouvernemental, Close the Gap était une campagne, lancée par un groupe de dirigeants aborigènes. Tom Calma, ancien commissaire à la justice sociale, est l'un des fondateurs du mouvement :

« Les progrès observés ces six derniers mois sont au point mort. Quand on regarde la prévention du suicide - on n'a pas mis en place de stratégie afin de prévenir le suicide. Des fonds ont été alloués en 2013, mais pendant que les hommes politiques procrastinent, les gens continuent de mourir. »

Si ce programme échoue, c'est parce que les Aborigènes ne sont pas impliqués, pense Patrick Dodson, le « père de la réconciliation » :

« Close the Gap n'a pas le soutien des communautés indigènes. Et sans la participation des indigènes australiens, c'est voué à l'échec. Tout ce que l'on obtient, c'est quelques progrès dans des domaines mineurs. Je pense qu'il est temps de laisser tomber ce programme et d'adopter une nouvelle approche. »

Un message adressé au Premier ministre, Malcolm Turnbull. Contrairement à son prédécesseur, Tony Abbott, il ne s'est pas attribué le titre de « Premier ministre des Affaires indigènes ». Et surtout, alors qu'il est en poste depuis cinq mois, Malcolm Turnbull n'a toujours pas annoncé quelle serait sa politique en la matière, regrette Patrick Dodson :
« Je pense que c'est un problème. C'est un problème que le Premier ministre du pays ne s'intéresse pas à ces questions importantes. À moins que monsieur Turnbull et son gouvernement aient une méthodologie différente, il serait temps qu'ils mettent les choses sur la table pour que les Aborigènes puissent y prendre part. »
 
Le Premier ministre s'exprimera devant le Parlement demain, après la publication officielle du rapport sur le programme Close the Gap. Son porte-parole lui a toutefois déjà répondu, affirmant que Malcolm Turnbull avait « consulté plusieurs responsables aborigènes, dont Patrick Dodson, ces derniers mois »« On est conscient que Closing the Gap est un programme à long terme et que l'on doit travailler avec les Aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès pour obtenir les meilleurs résultats », poursuit le porte-parole du Premier ministre.