Lancé en novembre dernier à l’UNC, le projet Falah implique près de cent chercheurs et doctorants issus de 14 institutions et universités d’Europe et du Pacifique. Durant quatre ans, ils se penchent sur l’agriculture familiale, l’alimentation, le mode de vie et la santé des populations du Pacifique Sud. Quatre territoires font l’objet de l’étude : la Nouvelle-Calédonie, Fidji, les îles Salomon et le Vanuatu.
Cette semaine, une équipe s’est rendue à Lifou pour la restitution de cette enquête.
Les produits du jardin peu consommés
Pauline et François Uka habitent la tribu de Hmeleck à Lifou. A quelques pas de chez eux, un champ où poussent des patates et toutes sortes de légumes. Les chercheurs de l’Université de la Nouvelle-Calédonie en partenariat avec l’Institut agronomique néo-calédonien ont observé leur mode de vie pendant deux mois, en 2018.
Une quarantaine de familles de Lifou ont participé à cette étude dont les résultats sont alarmants : sur l’île, les produits importés sont les plus consommés.
"Si on prend les ignames, par exemple, ce qu’on a pu observer, c’est que sur l’ensemble de la production du jardin, il y avait une grande partie qui partait pour les échanges, pour la coutume, une autre partie qui était vendue, et qu’il ne restait pas grand chose en terme de production, sur ce qui était mangé dans les familles" explique Olivier Galy, co-coordinateur scientifique du projet Falah.
Le manque d’activité physique des jeunes
Cette étude montre également que les jeunes pratiquent moins d’activités physiques que leurs parents. L’un des facteurs de ce mauvais résultat : les écrans.
"On a des enfants qui passent 3 à 4 heures d’écran voire leur nuit devant les écrans, ce qui raccourcit également le sommeil, un paramètre important pour la santé physique de nos enfants" commente Paul Zongo, Docteur en STAPS, professeur d’EPS.
Cette enquête révèle que 38% des adolescents de 11 à 15 ans sont obèses ou en surpoids.
Motivée à changer
Un triste constat pour Pauline Uka qui a accepté d’intégrer cette expérimentation pour changer les habitudes alimentaires de sa famille.
"Quand on fait des bougnas marmite par exemple, ils vont un peu y goûter mais ils vont surtout manger le riz et les frites. Ils aiment plus consommer ce type d’aliments que le produit des champs" explique Pauline Uka. "C’est malheureux de constater cela. Et c’est pour ça qu’à la maison, j’ai décidé à travers ce projet de changer notre façon de manger".
La même étude sera menée aux îles Salomon, aux îles Fidji et au Vanuatu.
Le reportage de Clarisse Watue et Laura Schintu
Pour en savoir plus sur le projet Falah :